Alors que le président français a refusé la semaine dernière de confiner son pays comme le lui recommandait pourtant le Conseil scientifique chargé de la crise sanitaire lié au Covid-19, il semble vouloir ne pas céder au catastrophisme et prend un peu de temps pour soigner son image internationale, espérant que grâce au départ de Donald Trump de la Maison-Blanche il réussira à s’imposer sur la scène mondiale. Dans un long entretien accordé à l’Atlantic Council, un think tank de Washington D.C., le chef de l’État a ainsi fait part de ses inquiétudes sur la montée de la violence favorisée par les réseaux sociaux. Il a déjà eu l’occasion de le dire, Emmanuel Macron estime que la violence refait irruption dans les sociétés démocratiques. Lors d’une séance de questions-réponses organisée à l’Élysée jeudi par l’Atlantic Council, le président français a comparé, après un long raisonnement sur l’impact néfaste des réseaux sociaux, la révolte des «gilets jaunes» en France et l’invasion du Capitole le 6 janvier dernier. «Je pense d’abord que la violence, la haine, la xénophobie sont de retour dans nos sociétés. Et je pense que c’est tout nouveau. C’est poussé et légitimé par certains groupes politiques et pour moi, il s’agit d’un grand changement anthropologique», a-t-il entamé après une question sur ce sujet. Selon le président français, qui s’exprimait en anglais à l’occasion de cet entretien d’environ une heure, le climat de violence qui s’installe dans de nombreuses démocraties libérales est un véritable défi pour leurs dirigeants. Emmanuel Macron estime que les réseaux sociaux, en faisant la «promotion de vocables durs et du conflit», ont changé la «nature de ce que devrait être le débat démocratique» d’après lui. «Pour les gens normaux, c’est inacceptable et ils attendent de nous que nous fassions cesser de telles violences. Mais cela devient très difficile quand cette violence est perçue par beaucoup de gens comme étant légitime. Et c’est exactement ce que nous vivons», juge-t-il. Il conclut en assurant : «2018 en France, 2021 aux États-Unis : voilà en effet la nouvelle violence dans nos démocraties, largement liée à ces réseaux sociaux». «C’est notre nouveau mode de vie», a regretté le dirigeant français qui trouve ainsi un moyen de se dédouaner totalement de la crise des «gilets jaunes» qu’il réduit ainsi en quelque sorte à des excités du net qui sont sortis dans la rue par pure provocation, oubliant totalement les multiples revendications sociales et économiques qui ont poussé les Français, parfois les plus démunis, à se rassembler pour réclamer de pouvoir vivre dignement. Ce nouvel entretien de Macron ne semble être que le début d’un long chemin pour prouver au monde son importance et sa pertinence. Reste à voir si ses homologues verront cela de cette façon et surtout si le nouveau président Joe Biden lui tendra la main pour l’aider à gagner en crédibilité internationalement, ou si finalement la place de subordonné qu’a décidé Trump d’assigner à Macron continuera à lui coller à la peau jusqu’à la fin de son mandat.