Les candidats à la présidentielle française accusent le coup de la guerre en Ukraine de diverses façons. Il y a ceux qui prônaient avant l’attaque russe de l’Ukraine une ligne plutôt pro-Kremlin et qui se retrouvent donc aujourd’hui à devoir justifier leurs bienveillances passées à l’égard de Vladimir Poutine, et ceux qui se félicitent de leurs longues antipathies pour le président russe. Ainsi, ces derniers jours Valérie Pécresse et Anne Hidalgo, toutes deux moquées pour leurs très mauvaises campagnes, ont trouvé en la guerre en Ukraine un vivier inespéré de preuves de l’incapacité de leurs adversaires à être des candidats crédibles à l’investiture suprême. Marine Le Pen et Éric Zemmour sont «totalement décrédibilisés pour gouverner la France, dès lors qu’ils ont fait allégeance à Vladimir Poutine», a ainsi estimé cette semaine Valérie Pécresse, candidate Les Républicains à la présidentielle. «Ils sont discrédités dans cette campagne parce qu’ils sont sous influence d’une puissance étrangère, d’un dictateur qui fait la guerre, qui amène le feu sur le continent européen», a-t-elle déclaré dans le contexte de guerre en Ukraine. «Éric Zemmour a déclaré qu’il fallait un Poutine à la France, Marine le Pen a déclaré que la politique que faisait Vladimir Poutine était celle qu’elle voulait pour la France», a-t-elle dénoncé, appelant plutôt à «un rapport de force avec la Russie». Valérie Pécresse s’est ainsi «félicitée» des sanctions prises par la France et par l’Europe vis-à-vis de la Russie et s’est dite favorable à ce qu’elles soient «renforcées» afin d’obtenir un cessez-le-feu en Ukraine. Du côté de la candidate du parti socialiste, Anne Hidalgo, c’est surtout sur le candidat de gauche avec le plus d’intentions de vote dans les sondages et qui la distances d’environ 10 % qu’elle concentre ses coups. Elle dénonce ainsi «un discours antieuropéen prétendument de gauche qui a alimenté le désarmement face au danger de Poutine en présentant nos adversaires comme des victimes et les victimes comme des adversaires». Et d’asséner : «La gauche n’est jamais du côté des dictateurs ni en Syrie, ni au Venezuela, ni en Ukraine». Mais que ce soit pour Pécresse ou Hidalgo, il est peu fort probable que d’évoquer à l’envi la crise ukrainienne ait un quelconque impact sur leur propre électorat. Cela aurait même tendance à inquiéter les Français qui pourraient alors choisir le scénario de la «cohésion nationale» et reconduire le chef de l’État en poste. D’ailleurs, Emmanuel Macron bat des records d’intentions de vote ces jours-ci et pourrait bien se voir ainsi accorder un deuxième mandat à l’Élysée malgré un quinquennat objectivement catastrophique sur tous les plans, en bénéficiant de la peur d’une partie des Français qui voteraient pour lui par crainte d’un autre changement dans leurs vies et de l’apathie d’une autre partie de la population, abstentionniste, qui se désintéresse de plus en plus de la politique.