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vendredi 19 avril 2024

Crash-test en vrai pour le système bancaire américain

On est aujourd’hui invité par les médias américains à distinguer entre grandes et moins grandes banques, car les deux ayant déjà fait faillite, Silicon Valley Bank, vendredi dernier, et Signature Bank, quelques heures plus tard, comme par un effet domino, ne comptent pas au nombre des établissements de premier, mais de second ordre. Quelques autres de même calibre pourraient connaître le même sort prochainement, mais sans que pour autant cette série de faillites, serait-elle longue, ne provoque une crise systémique. Il faudrait en revanche craindre le pire, l’effondrement du système bancaire américain dans son ensemble, si une seule grande banque venait à connaître les mêmes difficultés que celles ayant entraîné et en si peu de temps la fermeture de SVB et de Signature Bank par la police des banques. Ce n’est pas de ce côté-ci qu’il faut rester vigilant, est-on conseillé, mais de celui des banques petites et moyennes, car un certain nombre d’entre elles ont pu prendre des risques inconsidérés à partir de 2018, année où l’administration Trump, sous leur pression d’ailleurs, avait cru bon de les affranchir de certaines des règles mises en place au lendemain de la crise financière de 2008, pour empêcher sa reproduction.
Il n’y aurait eu à déplorer peut-être aujourd’hui aucune faillite inquiétante si le corset de la loi de régulation Dodd-Frank n’a pas été desserré pour elles spécialement. Pour preuve, le fait qu’aucune des grandes banques, qui toutes sont restées sous le joug Dodd-Frank, ne trahit des signes laissant craindre pour ses jours. Certes, mêmes elles voient leurs actions perdre des points, mais de façon modérée, ce qui témoignerait plutôt de leur bonne santé, a fortiori dans un contexte comme celui d’aujourd’hui. Le président Biden est monté au créneau lundi matin, et il a été ferme, c’est-à-dire rassurant : ce n’est pas au contribuable américain de payer pour le salut des banques. Leurs actionnaires ont reçu le juste prix de leurs fautes de gestion, car tel est le capitalisme, mais leurs déposants eux pourront rentrer dans leurs fonds, tous autant qu’ils sont. Dans le système américain, l’agence de garantie des dépôts (FDIC) n’assure qu’à une hauteur maximale de 250 000 dollars. Elle ne rembourse pas au-delà, jusque-là tout au moins, car cela vient de changer. La clientèle des deux banques ayant fait faillite, en particulier celle de SVB, est formée d’individus fortunés et de sociétés dont les dépôts dépassent souvent la somme maximale garantie par la FDIC. Dès lundi matin, jour de réouverture des banques, les faillites s’étant produites pendant le week-end, Biden annonce que tous les dépôts seront rendus à leurs propriétaires, qu’aucun de leurs clients ne perdra un dollar, aussi riche qu’il puisse être. Evidemment, cette décision généreuse a été prise pour éviter l’effet de contagion, la ruée sur d’autres banques, et du même coup l’éclatement d’une véritable crise bancaire. L’administration a dû jeter du lest pour cela. L’aurait-elle fait si le système bancaire était aussi solide qu’elle le prétend ? Certainement pas. Biden a même dû jouer avec le feu, en disant que tous les Américains ont accès à leurs fonds, qu’ils soient des individus ou des personnes morales. Or il a eu ces paroles justement pour qu’ils n’en fassent rien, pour qu’ils ne ruent pas sur les guichets des banques. C’est que donc le risque qu’ils le fassent était bien réel.

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