Alors que syndicats et enseignants affichent des «appréhensions» quant au non-achèvement des programmes scolaires, le ministère de tutelle rassure et informe avoir élaboré des «guides de méthodologie» pour accompagner les enseignants afin d’assurer l’avancement dans les cours. Pour Messaoud Boudiba, chargé de communication du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire (Cnapest), le plan exceptionnel adopté dans les trois cycles de l’enseignement en raison de la conjoncture sanitaire «n’est pas à même de permettre l’achèvement du programme scolaire ou l’avancement dans les cours lors du 2e semestre, d’autant plus que le ministère a procédé, à travers ce plan, à la diminution du volume horaire des matières enseignées». Il indique que les connaissances scientifiques ne peuvent être dispensées de manière «tronquée», car elles requièrent «un enchaînement» dans leur enseignement. Selon lui, la diminution du volume horaire a induit une pression «terrible» pour les enseignants, tant pour le respect de la durée de la matière que pour la préparation des cours et leur présentation, selon les mesures d’adaptation décidées par le ministère de l’Education nationale. D’ailleurs, cette méthode a prouvé ses limites durant le 1er trimestre. «Cette situation exceptionnelle a impacté l’assimilation par l’élève en classe, d’où le recul des résultats du 1er semestre», avance-t-il comme preuve, affirmant que «l’enjeu ne se pose pas tant en termes d’achèvement du programme, mais en qualité du travail à fournir dans l’enseignement des concepts essentiels de manière à sauver l’année scolaire et continuer le 2e semestre à un rythme serein, loin du bourrage qui met l’élève dans un état de pression nouvelle». Cependant, il appelle les élèves à «ne pas s’inquiéter quant à l’achèvement du programme scolaire, d’autant plus que les questions des examens porteront sur les cours dispensés en classe». Abondant dans le même sens, Meziane Meriane, coordinateur national du Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest), explique que la diminution du volume horaire des leçons dispensées au titre du plan exceptionnel adopté actuellement «ne permet pas d’achever le programme scolaire», estimant que les tutelles concernées «n’ont pas bien étudié le déroulement de l’année scolaire dans le cadre des nouvelles mesures d’adaptation».
De son côté, le Conseil des lycées d’Alger (CLA) a plaidé pour «le maintien du système des vacations à 20 élèves et à la réduction du nombre des séances confiées aux enseignants, sachant qu’elles peuvent s’élever à 36 dans certaines matières».
Concernant les résultats du premier semestre, le syndicat les a jugés «modestes» en raison de la longue interruption des cours et du retard dans la rentrée compte tenu des conditions sanitaires, soulignant l’impact de l’adoption de la moyenne de 9/20 pour le passage du cycle moyen au secondaire. En réponses aux craintes des enseignants, le ministère de l’Education fait état de «l’élaboration, pour la première fois cette année, de guides de méthodologie et de mécanismes de mise en œuvre des plans exceptionnels pour accompagner les professeurs dans l’application optimale de ces programmes et curricula». Selon l’inspecteur général de l’Education au ministère, Mustapha Benzemrane, les programmes scolaires se déroulent «normalement, à l’exception d’un léger retard non inquiétant enregistré pour certains groupes éducatifs dans le cycle secondaire, au niveau de certaines wilayas». Plus précis, il fera savoir que «la tutelle a enregistré au maximum un retard de trois à quatre semaine dans les matières histoire et géographie pour le cycle secondaire, ayant concerné quelque 100 établissements sur un total de 2 566 lycées à l’échelle nationale, soit un taux de 4 %». Le taux d’avancement des cours pour le génie des procédures est «le plus bas, avec un retard de 0.08 pour la filière technique mathématique, soit deux établissements sur un total de 2 566 à
l’échelle nationale». «Ce retard a été pris en charge par les enseignants sous la supervision des inspecteurs», rassure-t-il. S’agissant de l’avancement des cours pour les cycles primaire et moyen, il assure que «les retards ne dépassent pas les deux semaines» pour l’ensemble des matières et établissements éducatifs concernés.
Par ailleurs, Benzemrane justifie ce retard dans les programmes par plusieurs facteurs, «notamment les congés de maladie des enseignants affectés par la pandémie d’une durée de deux semaines, une période insuffisante pour faire appel à un enseignant vacataire, et ce, de par les arrêts de cours enregistrés localement au niveau de certains établissements éducatifs».
Louisa Ait Ramdane