Dès que l’éventualité d’une candidature du journaliste Éric Zemmour à la présidentielle de 2022 avait commencé à être évoquée il y a déjà une année, la possibilité d’une fragilisation de la candidature de Marine Le Pen était apparue comme inévitable. En effet, le polémiste axant tout son discours sur l’immigration, la sécurité et la souveraineté, des thématique chère au Rassemblement national. Et aujourd’hui, alors qu’il n’y a guère beaucoup de doute quant à son intention de se lancer dans la course à l’Élysée, il est de plus en plus populaire. Si tous les sondages prédisent une arrivée de Marine Le Pen et d’Emmanuel Macron en tête du premier tour de l’élection présidentielle 2022, le polémiste gagne effectivement du terrain. Selon une enquête Ipsos pour Le Parisien publiée vendredi soir, Éric Zemmour, crédité de 15% d’intentions de vote, dépasse Xavier Bertrand et se retrouve à un point seulement du second tour de l’élection présidentielle 2022. «Marine a abandonné ses positions fortifiées et Éric occupe le terrain qu’elle a quitté», juge, de son côté, Jean-Marie Le Pen, en froid avec sa fille depuis 2015. Le président du Comités Jeanne apprécie chez l’auteur du Suicide français, son «courage» et sa «culture», des qualités devenues «rares» selon lui. «Il est monté sur la barricade en disant des choses que personne n’osait dire, à part moi. Il dit ce que je pense, mais avec une audience supérieure». «La seule différence entre Éric et moi, c’est qu’il est juif, conclut le nonagénaire. Il est difficile de le qualifier de nazi ou de fasciste. Cela lui donne une plus grande liberté.» Mais un soutien de Jean-Marie Le Pen pourrait surtout faire sens alors que Zemmour dépasse aujourd’hui le plus grand espoir de la droite, Xavier Bertrand. Ce dernier qui donne du fil à retordre à sa famille politique, à qui il exige de l’investir pour 2022, se fait aujourd’hui devancer par le journaliste qui n’est même pas encore candidat officiel à la présidentielle. Jean-Marie Le Pen qui malgré ses querelles avec sa fille l’avait toutefois toujours soutenu électoralement change de stratégie et estime désormais que ses idées ont plus de chances d’être portées avec succès par Éric Zemmour que par Marine Le Pen qui a mis énormément d’eau dans son vin ses dernières années pour attirer plus d’électeurs «modérés». Peut-être une mauvaise stratégie finalement au vu de l’envolée de Zemmour dont la progression fait saliver tous ses adversaires. Reste à voir toutefois, si le journaliste réussira a garder le cap comme l’avait fait Macron en 2017 et à ne pas s’effondrer le jour du scrutin comme cela avait été le cas de Jean-Pierre Chevènement en 2002, qui après des sondages le plaçant à 15% pendant des mois avait fini avec 5% des voix au soir du premier tour de la présidentielle.