Un anticorps thérapeutique qui neutralise tous les variants connus du coronavirus
fait l’objet d’une publication récente dans un journal reconnu.
Par Mahi Y.
L’arrivée de chaque variant du SARS-CoV-2 menace l’efficacité des vaccins et des anticorps thérapeutiques disponibles. Omicron est si différent des autres qu’il a mis en échec la plupart d’entre eux prescrits avant son arrivée. Les scientifiques espèrent mettre au point un anticorps qui pourrait neutraliser tous les variants du SARS-CoV-2. Celui présenté récemment dans Science Immunology n’est pas le premier ni le dernier, mais il a un atout qui le rend digne d’intérêt.
SP1-77, c’est son nom, a été obtenu grâce à des souris de laboratoire génétiquement modifiées pour produire des anticorps humanisés – des anticorps de souris dont certains fragments sont humains. Pour isoler ceux qui réagissent au SARS-CoV-2, les scientifiques les ont mis en contact avec la souche originelle de Wuhan. Parmi tous les anticorps qui ont réagi, seul SP1-77 était capable de neutraliser la souche de Wuhan et tous les autres variants connus dont ceux de la famille Omicron. Qu’est-ce qui rend SP1-77 si spécial ? Les scientifiques ont étudié sa structure grâce à la cryomicroscopie électronique, une technique qui permet de visualiser les anticorps à l’acide aminé près. Comme la plupart des anticorps neutralisants, SP1-77 se fixe sur le RBD, la partie du coronavirus qui interagit avec le récepteur de la cellule. Mais il neutralise le virus d’une façon inédite. SP1-77 n’empêche pas la reconnaissance entre le RBD et ACE2 mais bloque l’étape suivante, la fusion entre la membrane du virus et celle de la cellule des deux membranes, indispensable pour que le virus infecte sa cellule hôte. De plus, «SP1-77 se fixe sur un endroit de la protéine S qui n’a pas été muté dans aucun variant du SARS-coV-2 jusqu’alors, neutralisant donc les variants grâce à un nouveau mécanisme», explique Tom Kirchhausen du Boston Children’s Hospital. Cette étude est avant tout une preuve de concept que les souris utilisées par les scientifiques sont capables de produire des anticorps humanisés neutralisants contre le SARS-CoV-2. Si SP1-77 montre des capacités intéressantes in vitro, rien ne permet de conclure qu’il est un candidat sérieux pour être un nouvel anticorps thérapeutique utile pour soigner le Covid-19.
La vaccination intranasale pourrait aider à combattre le virus, selon l’OMS
La vaccination intranasale, sans aiguille, pourrait aider à combattre le Covid-19, a estimé l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) après que l’Inde et la Chine eurent approuvé des vaccins de ce type. Les vaccins intranasaux, qui génèrent une réponse immunitaire dans les muqueuses respiratoires, permettent «de mettre en place une première ligne de défense, à l’endroit où le virus pénètre et fait beaucoup de dégâts», a déclaré le directeur du Programme de gestion des situations d’urgence de l’OMS, le Dr Mike Ryan, lors d’une conférence de presse. Ce type de vaccins «pourrait nous donner davantage de chances de contrôler le Covid à long terme», a fait valoir le Dr Ryan. L’OMS encourage la mise au point de vaccins de deuxième et troisième génération «dont nous pourrions avoir besoin pour faire face à la dernière phase du Covid et à d’autres virus qui pourraient attaquer les voies respiratoires», a précisé le directeur. L’agence de l’ONU attendra toutefois d’avoir suffisamment de données sur ces vaccins avant de les évaluer et éventuellement les approuver officiellement. «Nous attendons de voir les données afin de voir comment nous pourrions les intégrer dans la réponse au Covid-19», a dit de son côté la responsable de la lutte contre l’épidémie au sein de l’OMS, Maria Van Kerkhove. L’Inde a approuvé mardi son premier vaccin intranasal contre le Covid-19, donnant un nouvel élan à sa gigantesque campagne de vaccination. Le vaccin, préconisé en première dose pour la population adulte, a reçu l’agrément d’urgence de l’autorité indienne de réglementation des médicaments. La Chine a de son côté approuvé le premier vaccin inhalable au monde, administré en dose de rappel d’urgence, par voie nasale, via un pulvérisateur, et développé par le fabricant chinois CanSino Biologics. Pour sa part, le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a estimé qu’il était «dangereux» de penser que l’épidémie de Covid-19 continuerait de baisser. «La semaine dernière, une personne est morte toutes les 44 secondes. La plupart de ces morts auraient pu être évitées», a-t-il fait valoir. «Vous êtes sans doute lassés de m’entendre dire que l’épidémie n’est pas finie, mais je continuerai de le dire tant que ce ne sera pas le cas», a-t-il ajouté. M. Y./Agences