Tous les quinze jours, tombent les nouvelles mesures de lutte contre le coronavirus et tous les quinze jours, au moins une catégorie d’Algériens accueille avec déception et amertume ces décisions. Il s’agit des usagers du métro, qui ne comprennent pas, depuis la date de fermeture, il y a plus d’une année, le 22 mars 2 020, que leur moyen de déplacement dans la capitale demeure figé. Leur incompréhension, pour ne pas dire le dépit, est d’autant plus grande que tous les autres moyens de transport, tramway, bus, train, taxis, ont été «libérés» sans qu’aucune indication de regain de contamination n’y ait été relevée. Tout le monde sait pourtant que le métro est le moyen le plus facilement contrôlable en matière de vigilance, d’autant que dès janvier, le directeur général de la société avait évoqué toutes les mesures de précaution prises, tout en citant au passage l’impact désastreux sur la santé financière de l’entreprise, en grande partie prise en charge par l’Etat. Il avait tenu à préciser que la décision de réouverture ne lui appartenait pas et qu’elle relevait des pouvoirs publics. Les usagers, en grande partie constitués de travailleurs, étudiants et lycéens, réduits à redoubler d’imagination pour rejoindre leur lieu de travail ou d’études, avec des retards désormais inscrits dans la routine s’étonnent aussi que cette fermeture soit maintenue depuis plus d’une année, alors que sous d’autres cieux, où le métro n’a pas été fermé ou rouvert au bout de quelques semaines, cet espace ne constitue pas un «cluster», un lieu à risque de forte infection par le virus. Les derniers chiffres, sans verser dans un débat byzantin entre «rassuristes» et «alarmistes» sont plus que réconfortants, ainsi que ceux de décès, ce qui ne dicte pas bien sûr de baisser la garde. En ce sens, la décision de n’accueillir que 50 % des voyageurs pour atténuer l’afflux dans les rames est à même d’endiguer la menace d’un surcroît de contaminations, d’autant plus que la ventilation, dans cet espace souterrain, selon les experts, suffit amplement à diminuer le risque.
Parmi les dommages collatéraux du maintien de la fermeture du métro, s’ajoutant aux milliers d’heures perdues pour cause de retard, il est noté une intenable hausse des embouteillages dans la capitale, dont la circulation est déjà bloquée en temps normal. Sans conteste, on peut faire l’économie de cet élément dans la baisse du moral des citoyens. Il est évident que cette incompréhension unanime, teintée de révolte contenue, serait moindre, voire carrément disparaitrait, avec un minimum d’explication, qui laisserait un moindre terrain aux rumeurs les plus folles qui commencent à faire florès autour de ce sujet.
En attendant ces explications sérieuses et objectives, si elles existent, le citoyen algérois à petite bourse continue à ronger son frein, faute de respect de considération. Et faute de son moyen de transport préféré.
N. Stambouli