Mercredi dernier, les deux délégations chinoise et américaine au sommet sur le climat à Glasgow ont fait une déclaration commune où elles se disaient être parvenues à un accord sur les actions à mener pour réduire les émissions de gaz de leurs deux pays à un niveau compatible avec l’objectif d’un réchauffement limité à 1,5 degré d’ici la fin du siècle, comme fixé à Paris en 2015. Personne ne s’attendait à une déclaration de cette nature, pas plus le pays hôte que les autres, de la part de deux délégations qui n’ont cessé de se critiquer depuis le premier jour de la COP26. On se souvient que le président américain, qui lui avait fait le déplacement de Glasgow, avait critiqué vertement les deux présidents chinois et russe pour ne pas s’être donné la même peine que lui alors que la planète menaçait de brûler. Mercredi, c’était l’avant-veille de la fin du sommet de Glasgow, la dernière ligne droite avant la clôture d’une grand-messe dont on disait qu’elle n’allait déboucher sur rien, ou sur pas grand-chose de concret. Il semblait difficile en effet de concilier les vues des pays développés, responsables au premier chef du réchauffement climatique, et celles des pays en développement, à qui les premiers demandaient de modérer leur consommation d’énergie, en somme de ne surtout pas prendre en cela exemple sur eux. La déclaration conjointe des Etats-Unis et de la Chine, c’est-à-dire des deux plus grands pollueurs, tombait ainsi à pic pour donner du cœur à l’ouvrage en vue d’un accord à la fois ambitieux et prêt à l’emploi. Son message en creux est le suivant : si nous que tout oppose par ailleurs sommes néanmoins disposés à travailler en concertation pour faire en sorte que la planète reste vivable pour tous, vous devriez pouvoir en faire autant, vous dont les intérêts après tout ne sont pas aussi inconciliables que les nôtres. On peut trouver un autre motif que celui d’exciter l’œcuménisme climatique à ce message : la peur tout bête de l’échec de la COP26, et de la révolte qu’il peut déclencher à travers le monde, parmi les jeunes notamment, dont tout indique qu’elle sera grande, une menace que le Premier ministre du pays hôte, Boris Johnson, a brandie dès son discours d’ouverture, le 1er novembre, et sur quoi il est revenu plusieurs fois par la suite. Cette menace est celle-ci : si nous ne prenons pas dès à présent des engagements fermes de réduction des émissions de gaz à effet de serre, ou si les ayant pris nous ne les appliquons pas, les peuples à travers le monde nous ne le pardonneront pas. Ils se révolteront, ils feront tomber leurs gouvernements, ils prendront le pouvoir, et ils auront raison. Si tels n’ont pas été les termes exacts employés par Boris Johnson, leur signification en tout cas n’est guère éloignée de sa pensée. A Glasgow, et dans bien des grandes capitales, des manifestations se sont produites, où l’élément jeune était prépondérant, où la dénonciation de l’échec de Glasgow était fustigé avant même qu’il soit avéré. Greta Thunberg et ses amis activistes sont tellement sûrs que la COP26 ne sauvera pas la planète qu’ils sont déjà dans la révolte. Il est vrai, ils y sont depuis un certain temps déjà. Si cela ne tenait qu’à eux, la révolte écologique mondiale aurait déjà éclaté. Elle n’aurait pas attendu le sommet de Glasgow pour le faire. Raison supplémentaire pour leur donner tort, en faisant de ce dernier un succès retentissant, un tournant dans la lutte contre le réchauffement climatique.