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vendredi 29 mars 2024

COP26 : gouverner par l’exemple

Joe Biden qui lui s’est donné la peine de se rendre à Glasgow pour l’ouverture de la COP26 a vertement critiqué les présidents chinois et russe pour ne pas avoir agi à son imitation. Une question de la plus haute importance est en débat dans cette ville européenne, une question de vie ou de mort, et que font-ils ces deux-là ? Ils se tiennent à l’écart, ils s’en lavent les mains, ils se débinent, de peur sans doute d’avoir à s’engager sur des objectifs précis en matière de réduction des émissions. Dit autrement, ils donnent le mauvais exemple, contrairement à lui. Xi Jinping, aurait-il pu ajouter, a même voulu s’exprimer par l’envoi d’une vidéo, ce qui lui a été catégoriquement et justement refusé par les organisateurs. D’ailleurs, ces deux-là ne sont pas les seuls à ne pas payer de leur personne alors qu’il ne s’agit de rien de moins que de sauver la planète. Il faut encore leur adjoindre un troisième larron, le président turc, qui lui pourtant était au G20 à Rome. Là, on dirait que Recep Tayyip Erdogan a préféré suivre l’exemple des deux grands dirigeants ayant fait acte d’absence plutôt que Joe Biden, avec qui pourtant il a bien plus d’intérêts. L’Amérique ne règne ni par la force, ni par le dollar, mais par le bon exemple qu’elle donne en toutes circonstances aux autres nations.

Joe Biden n’a pas manqué une occasion depuis qu’il est à la Maison-Blanche pour claironner ce message. Par l’exemple, c’est-à-dire par l’acte le plus désintéressé, et donc le plus moral. Si l’Amérique est la première des nations, ce n’est somme toute que justice, étant de toutes la plus morale. C’est cela la conviction de Biden. Le genre de paroles dont on imagine mal qu’elles soient prononcées par son prédécesseur, Donald Trump, non moins pontifiant pourtant, mais il est vrai, dans une autre veine. Reste qu’en effet ce n’est pas de bon augure que des trois principaux dirigeants du monde, il n’y en a qu’un seul qui ait fait acte de présence à Glasgow, même si les Chinois et les Russes ont fait savoir par ailleurs ce qu’ils comptaient pour leur part faire en faveur du climat à l’horizon 2050/2060. On ne peut même pas exclure que la véritable raison de leur absence, ce soit la présence de Joe Biden justement, attirant à elle tous les projecteurs sur une scène acquise par avance. Dans un contexte de réarmement à tout-va, même un sujet aussi neutre politiquement, à moins qu’il ne faille dire apparemment neutre, que la lutte contre le réchauffement climatique ne peut détendre l’atmosphère entre des protagonistes qui par ailleurs sont sur le qui-vive, qui nuit et jour s’observent et se mesurent de près. Les causes susceptibles de faire éclater un conflit majeur sont déjà arrivées à maturité : le dossier nucléaire iranien, la question de Taïwan, l’encerclement projeté de la Russie par l’Otan, pour ne parler que des détonateurs les plus visibles. Peut-on avoir à cœur de désamorcer en commun la bombe climatique, qui si elle explose n’épargnera personne, quand dans le même temps on voit s’approcher de soi la guerre dévastatrice ? Là encore, l’urgence climatique est contrebalancée par une urgence plus pressante encore, plus immédiate, qui empêche que le monde s’y consacre en entier. Lorsque la méfiance accapare les esprits, la meilleure des causes peut attendre.

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