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samedi 20 avril 2024

COP 27 et Coupe du monde en pays torrides

La COP 27, en plus long la 27e Conférence de l’ONU sur le changement climatique, s’est ouverte avant-hier le 6 à Charm el-Cheikh en Egypte, pour durer jusqu’au 18 de ce mois. Pour fait de pandémie, elle est en retard de deux années. Il n’y a pas que cela qui la caractérise. Il y a aussi le fait qu’elle se tienne sur le continent africain, mais par contre dans un contexte de guerre en Europe. Ce qui, on en conviendra, est plus l’exception que la règle. Et ce n’est pas tout, il faut ajouter la crise énergétique et la crise économique sévissant en même temps, dont le double effet sur le climat est à l’opposé de ce qui est recherché dans ce genre de grand-messes internationales, qui voient notamment défiler à la tribune un nombre impressionnant de chefs d’Etat et de gouvernement. Servent-elles du moins à guérir le mal pour lequel elles sont régulièrement organisées ? Pas du tout affirment les activistes du climat, Greta Thunberg en tête, qui pour sa part a décidé de ne pas même se rendre à Charm el-Cheikh. Si répliquent d’autres, en premier lieu les scientifiques, pour lesquels les perspectives seraient bien plus sombres si la communauté internationale ne faisait rien pour limiter le réchauffement du climat, bien qu’il soit en lui-même inéluctable.

Sans ces conférences, expliquent-ils, les discussions qui s’y tiennent, et les engagements auxquels elles donnent lieu, pour insuffisants qu’ils soient, le réchauffement serait bien plus important que celui qui se profile à l’horizon de la fin du siècle. Au lieu des 2,8 degrés qui semblent faire maintenant consensus parmi eux, mais qui en eux-mêmes dépassent allègrement ce qui a été convenu lors de la conférence de Paris de 2015, à savoir une augmentation de la température limitée à 1,5 degré, ce serait sur un réchauffement de plus de 4 degrés que la planète mettrait aujourd’hui le cap. Reste qu’en la matière la perspective n’est pas réjouissante. Elle serait bien plus grave encore à en croire le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, pour qui elle présage déjà d’une catastrophe. On le voit, Greta Thunberg n’a pas besoin de venir chahuter la conférence, et accuser les dirigeants du monde d’impéritie et d’hypocrisie dans une question de vie ou de mort pour la planète et la vie qu’elle abrite, son message étant pour l’essentiel porté cette fois-ci par le secrétaire général lui-même, peu réputé pourtant pour faire dans l’excès de langage. Sur un tout autre plan, étranger de surcroît à la problématique en cause, tout en étant lié au pays abritant la conférence, à savoir la question des droits de l’homme, un domaine où l’activisme n’est pas moins virulent que celui relatif au climat. Pour beaucoup, l’Egypte n’est pas digne d’abriter cette COP, eu égard au peu de respect qu’elle professerait à l’égard des droits humains, les droits climatiques en faisant partie à les en croire. C’est ainsi que le plus fameux des prisonniers politiques égyptiens, Alaa Abdel Fattah, a saisi l’occasion offerte par l’ouverture de la conférence pour annoncer non pas qu’il entrait en grève de la faim, car il y était déjà, mais qu’il s’arrêtait de s’hydrater purement et simplement. De sorte qu’il y a pour le moment une plus grande urgence que sauver la planète : le sauver lui de lui-même. Il faut d’ailleurs relever qu’il n’y a pas que la COP 27 qui pour cette partie de l’opinion ne devrait pas se tenir en Egypte, l’organisation de la Coupe du monde de football, qui débute bientôt, n’aurait pas dû échoir elle non plus au Qatar. Et cela, aussi bien pour des raisons climatiques que pour des raisons proches de celles qui sont invoquées dans le cas de l’Egypte.

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