Si le gouvernement français semble cette fois-ci bien décidé à mener à bien la réforme des retraites qu’il avait abandonnée en 2020, utilisant comme prétexte le début de la crise sanitaire liée au Covid-19, cela ne pourra toutefois se faire qu’avec l’assistance de la droite, le parti présidentiel ayant failli en juin dernier à obtenir la majorité absolue aux législatives. La droite, avec qui Renaissance partage de nombreuses accointances, est aujourd’hui explicitement sollicitée par les ministres d’Emmanuel Macron pour leur prêter main forte. L’exécutif compte, en effet, sur les voix des Républicains et ne manque pas de le leur rappeler. Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, s’est ainsi directement adressé aux parlementaires de droite. Alors que le débat à l’Assemblée nationale s’ouvre cette semaine, le n°2 du gouvernement les appelle à être « fidèles » à leurs « convictions » et « à ce qu’est l’intérêt de la nation française : avoir une réforme des retraites qui garantit la pérennité du système ». La volatilité de certains députés LR n’a pas échappé au ministre, qui sait combien leurs votes lui sont indispensables pour faire adopter la réforme des retraites. Ces derniers jours, l’élu du Lot, Aurélien Pradié, a notamment réclamé de nouvelles dispositions sur les carrières longues pour faire en sorte que ceux qui ont commencé à travailler avant 21 ans soient aussi concernés. Ce à quoi Bruno Le Maire a fermé la porte, en désignant le député comme un «cas isolé» et en rappelant les points déjà améliorés sur la demande des Républicains. «Ils ont dit ‘’65 ans c’est trop, passons à 64, c’est plus raisonnable’’, nous avons retenu cette proposition», a ainsi développé le ministre, en citant également la pension minimum de 1 200 euros et la récente concession concernant les carrières longues, étendues à ceux ayant commencé à travailler entre 20 et 21 ans. Dans ce contexte, Bruno Le Maire ne «voit plus aucune raison, si on est honnête, si on est cohérent avec ses convictions, de ne pas voter cette réforme». «Quelles raisons auraient désormais les députés LR ?», a-t-il fait mine d’interroger. Le ministre a ajouté à cela un appel, destiné à « ceux qui peuvent encore avoir des doutes, des hésitations» : «Soyez fidèles à ce que vous avez toujours défendu devant vos électeurs depuis des années». Avec ces voix, l’exécutif pourrait ainsi faire adopter son texte sans avoir recours au 49-3. Toutefois Les Républicains ont de nombreuses raisons de rester réticents, faisant parti de l’opposition, ils pourraient ternir leur image auprès de leurs électeurs, qui ne sont déjà plus très nombreux. La gauche et le Rassemblement national accusent déjà les députés LR de n’être que des suppôts du gouvernement, et auraient ainsi en cas de coopération sur la réforme des retraites terminé de prouver définitivement que le parti de droite est le complice de l’exécutif au Parlement. Une aubaine pour le RN qui pourra alors se présenter comme le seul parti de droite s’opposant à l’Élysée.