Si plusieurs cadres du Parti socialiste désertent leur mouvement depuis quelques jours, mécontents de la décision de leur Premier secrétaire, Olivier Faure, de s’unir avec La France Insoumise en vue des élections législatives de juin prochain, d’autres font de la résistance. Hors de question d’accepter l’alliance avec l’extrême-gauche mais hors de question, par ailleurs, de quitter leur parti qu’ils affectionnent encore. Des «frondeurs» ont ainsi décidé de continuer à faire vivre le PS historique, loin des accommodements raisonnables que s’est vu imposer ces derniers jours la direction du Parti socialiste. La présidente PS de la région Occitanie, Carole Delga, affirme ainsi vouloir s’affirmer dans l’opposition interne à la direction de son parti, dont elle critique l’alliance avec La France Insoumise. Alors que les forces de gauche ont conclu un accord en vue des législatives, investissant 577 candidats NUPES (Nouvelle union populaire écologique et sociale), Carole Delga s’y est une nouvelle fois opposée dans un entretien au «Parisien». Pour elle, c’est une «alliance purement électoraliste qui n’a pas été pensée pour exercer des responsabilités». Elle fustige «une répartition de places entre copains». Si elle reste en faveur d’un «rassemblement à gauche», elle refuse «un rassemblement de façade purement factice qui revient à nier certaines valeurs constitutives du socialisme, comme le progrès partagé par tous ou une République laïque, et à omettre des sujets aussi fondamentaux que l’économie, les énergies, l’Ukraine ou encore l’Europe». Contrairement à Olivier Faure et Jean-Luc Mélenchon qui se sont placés en tête du rassemblement, la présidente régionale insiste sur le fait que «la politique, ce n’est pas de l’arithmétique, ça se fait avec du cœur, des convictions». Elle «récuse ce cynisme de vouloir faire des rassemblements purement artificiels juste pour un objectif à quelques semaines. Ce n’est pas sain d’être sur un simple accord d’appareil». Convaincue que le Parti socialiste a encore un rôle à jouer sur la scène politique française, elle ne baisse pas les bras. «Je vais réunir les militants qui refusent la liquidation du PS», affirme-t-elle avant de confier qu’il «faut être humble dans cette période démesurément confuse, avancer étape par étape». «Sans se précipiter, s’affoler en restant sereine et déterminée». Carole Delga s’était déjà distinguée durant la campagne présidentielle en tirant à boulets rouges sur le candidat Insoumis, comme le faisait, par ailleurs, la candidate officielle du Parti socialiste, Anne Hidalgo. Mais alors que les instances du PS ont, elles, rapidement changé de ton, d’autres ont décidé de garder le cap. Reste à voir si la stratégie de la direction du PS sera payante et si la NUPES récoltera les résultats escomptés ou si les électeurs de la gauche traditionnelle plutôt que de voter pour un rassemblement dominé par l’extrême-gauche, choisiront l’abstention ou encore le centre qu’entend représenter le parti présidentiel.