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vendredi 29 mars 2024

Contrat

Durant le mois de septembre de l’année dernière, la France accusait le coup d’une brutale trahison diplomatique de la part de deux pays alliés qui lui coûterait la bagatelle de 50 milliards d’euro. En effet, l’Australie avait mis fin à un contrat d’armement pour se tourner vers des sous-marins anglo-américains à propulsion nucléaire, dont les bâtiments français n’étaient pas pourvus. Pour marquer sa colère, Paris avait même rappelé à l’époque son ambassadeur aux États-Unis, un acte sans précédent vis-à-vis de cet allié historique, de même que celui en Australie, à l’origine de la crise. D’ordinaire peu expansif, Jean-Yves Le Drian, alors ministre des Affaires Étrangères, avait laissé exploser sa colère sur les contrevenants en des termes très peu diplomatiques et plutôt rares. «Mensonge», «duplicité», «mépris»… Il leur avait reproché d’avoir dissimulé pendant des mois leurs négociations, dénoncé une «rupture majeure de confiance» entre alliés de l’Otan et traité au passage le Royaume-Uni de «cinquième roue du carrosse». Or, cette semaine, le parti conservateur du Premier ministre australien, Scott Morrison, en poste lors de la «brouille» avec Paris, a essuyé une lourde défaite lors des élections législatives, forçant ce dernier à quitter ses fonctions après près de quatre ans. Une défaite dont s’est publiquement réjoui l’ex-ministre des Affaires étrangères français. «Je ne peux pas m’empêcher de vous dire que la défaite du Premier ministre Scott Morrison en Australie me convient très
bien !» Jean-Yves Le Drian a fait un pas de côté lors de son discours de passation, pour dire, une nouvelle fois, tout le bien qu’il pensait du désormais ex-Premier ministre australien. La nouvelle, en effet, de la défaite du chef d’État conservateur en Australie et de la victoire des travaillistes a été annoncée dans les dernières heures, à l’issue des élections législatives. Jean-Yves Le Drian lui reproche d’avoir unilatéralement décidé de rompre «le contrat du siècle» qui prévoyait la construction par la France de plusieurs sous-marins pour le compte de la marine australienne. Ce qui avait déclenché une grave crise entre les deux pays, ainsi qu’avec les États-Unis et le Royaume-Uni qui avaient raflé le contrat. Le ministre des Affaires étrangères français avait alors considéré que cette affaire révélait «l’incompétence» du Chef du gouvernement australien. «Les actes posés au moment où ils ont été posés étaient d’une brutalité et d’un cynisme, et je serais même tenté de dire d’une incompétence notoire», a-t-il poursuivi. «J’espère que nous pourrons renouer avec l’Australie un dialogue franc et constructif dans l’avenir», a-t-il néanmoins conclu. Reste à voir, toutefois, quelle sera la réponse du nouveau gouvernement australien, et si ce dernier pourra, même s’il le voulait, rompre le puissant lien qui le lie aujourd’hui à Washington, seul peut-être apte à le protéger contre l’hégémonie grandissante de la Chine dans la région.

F. M.

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