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vendredi 19 avril 2024

Contraintes

L’animosité à l’endroit de l’Allemagne, ou plus précisément des dirigeants allemands, n’est pas nouvelle au sein de l’Union européenne, certains pays estimant que la zone euro est une force économique au service de Berlin qui n’hésite pas de son côté à ignorer la souffrance de pays tels que la Grèce ou l’Italie en temps de crise. Cette semaine encore, les ministres de l’Énergie de l’UE, réunis à Bruxelles pour voler au secours des Allemands, se sont accordés pour réduire leur consommation de gaz de façon coordonnée et aider l’Allemagne, après une nouvelle baisse drastique des livraisons russes. «Ce n’était pas une mission impossible ! Les ministres sont parvenus à un accord politique sur la réduction de la demande de gaz en prévision de l’hiver prochain», a annoncé la présidence tchèque de l’UE sur son compte Twitter. Le plan, proposé la semaine dernière par la Commission, a été profondément remanié, mais ses grands principes sont préservés. Il prévoit toujours que chaque pays fasse «tout son possible» pour réduire, entre août 2022 et mars 2023, sa consommation de gaz d’au moins 15 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années sur la même période. En cas de «risque de grave pénurie», un mécanisme d’alerte rendra «contraignante» pour les Vingt-Sept la réduction de 15 %, mais cet objectif sera adapté aux réalités de chaque pays, notamment aux capacités d’exporter les quantités de gaz économisées aux pays dans le besoin, grâce à une série d’exemptions. Le géant russe Gazprom a annoncé lundi qu’il réduirait dès aujourd’hui drastiquement, à 33 millions de m3 ses livraisons quotidiennes à l’Europe via le gazoduc Nord Stream, arguant de la nécessité de maintenance d’une turbine. «L’UE est unie et solidaire. La décision d’aujourd’hui a clairement montré que les États membres s’opposeront à toute tentative russe de diviser l’UE en utilisant l’approvisionnement énergétique comme une arme», a déclaré le ministre tchèque en charge de l’Énergie, Jozef Sikela, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE. «L’adoption de la proposition (…) en un temps record a incontestablement renforcé notre sécurité énergétique commmune. En économisant du gaz maintenant, nous serons mieux préparés. L’hiver sera beaucoup moins coûteux et plus facile pour les citoyens et l’industrie de l’UE», a-t-il affirmé. Au cœur du dispositif européen, la réduction contraignante de 15 % de la consommation avait suscité des critiques. Elle vise à mutualiser l’effort en cas d’urgence pour aider l’Allemagne, très dépendante du gaz russe. «L’Allemagne a commis une erreur stratégique dans le passé en cultivant cette dépendance envers Moscou et le gouvernement travaille d’arrache-pied pour la supprimer», a reconnu le ministre allemand Robert Habeck, tout en demandant la solidarité européenne. «Nous devons maintenant résoudre cela ensemble», a-t-il dit. Mais ces mesures ont suscité des critiques virulentes de la part des pays du Sud, et notamment de l’Espagne, où le souvenir des plans de rigueur douloureux imposés par Berlin après la crise financière de 2008 est encore vif. La ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, avait dénoncé un manque de concertation de la Commission et jugé le plan «injuste» et «inefficace». Ceux qui accusent Bruxelles de se soumettre à Berlin ne peuvent ainsi que voir dans les décisions prises ces dernières semaines des signes de la soumission de l’UE à l’Allemagne, alors que d’autres, comme les Français notamment, estiment que la santé économique des Allemands doit prévaloir, car nécessaire à la survie des autres membres de la zone euro. Reste à voir si les pays récalcitrants aux restrictions finiront par plier ou si l’UE se scindera entre ceux qui veulent à tout prix complaire à l’Allemagne et ceux qui s’y refusent.

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