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jeudi 28 mars 2024

Consommation

En France, les opposants aux ouvertures des salles de shoot dans la capitale ne pouvaient choisir une meilleure période pour protester que durant la campagne présidentielle. Durant les quelques mois menant à avril 2022, le gouvernement fera, en effet, et il a déjà commencé, de nombreuses annonces attendues pourtant depuis longtemps pour prouver l’efficacité du mandat d’Emmanuel Macron à l’Élysée. Reste à voir si la vingtaine de collectifs et d’associations de riverains, ulcérés par les nuisances du trafic de crack à Paris et en appellent directement à Emmanuel Macron pour réclamer l’abandon des projets de salles de consommation de drogues, que la mairie de Paris cherche à implanter avec l’assentiment de Matignon, sera écoutée. «Qui dit consommation de drogues, dit inévitablement trafic avec son cortège de nuisances», s’alarment les signataires d’une lettre de doléance publié sur les réseaux sociaux. Ils réclament au président de la République «un engagement fort et rapide en vue d’une politique nationale qui ne se contente pas d’accompagner l’addiction de manière sécurisée». Tous s’opposent à la multiplication à Paris et en petite couronne de «Haltes Soin Addiction» (HSA) pour les usagers de crack, des lieux «prévus en zones d’habitations, d’écoles et commerces» et qui «seront en fait des salles de consommation supervisée», estiment-ils. «La consommation compulsive de cette drogue très addictive, amènera les usagers à se procurer sans discontinuer une nouvelle dose, à proximité des HSA où les dealers les attendront», craignent ces habitants. Ils considèrent que «d’autres voies (…) méritent d’être explorées», notamment «celle des communautés thérapeutiques qui sont éloignées des concentrations urbaines et permettent aux addicts de rompre avec les milieux de la consommation et du trafic, tout en assurant leur réinsertion sociale et professionnelle». La nouvelle loi de financement de la Sécurité sociale devrait bientôt permettre de créer de nouvelles salles de consommation à moindres risques, en plus des deux créées à Paris et Strasbourg à titre expérimental en 2016. De nouveaux lieux, rebaptisés HSA, pour lesquels la mairie de Paris a exprimé son intérêt cet été. Début septembre, le Premier ministre Jean Castex a arbitré en faveur d’une prolongation de ces dispositifs, en s’appuyant sur le bilan «positif» des structures existantes, détaillé par l’Inserm et revendiqué par le ministère de la Santé, malgré l’opposition du ministère de l’Intérieur. Longtemps concentré sur la «Colline du crack», située en bord de périphérique dans le nord de Paris, le trafic de ce dérivé fumable de la cocaïne est devenu beaucoup plus visible dans la capitale depuis l’évacuation définitive de ce terrain vague fin 2019. Les autorités repoussent les consommateurs d’un lieu vers l’autre, sans pouvoir arrêter le trafic. Depuis une énième évacuation fin septembre, les accros au crack errent entre la porte de la Villette dans le XIXe arrondissement et les communes de Pantin et Aubervilliers, au nord-est de Paris. Les problèmes liés aux salles de shoot se multiplient et de plus en plus de riverains s’inscrivent en faux contre cette mesure initiée sous le mandat du socialiste François Hollande et qui a visiblement dénaturé leurs lieux de vie. Reste à voir si Emmanuel Macron, qui n’est toujours pas candidat à sa réélection par ailleurs, fera un geste en faveur de ces Parisiens excédés, ou si la politique de la ville poursuivra son cours avec de plus en plus de voix qui s’élèvent pour critiquer le programme des salles de shoot qui a multiplié la présence de toxicomanes aux abords de nombreux quartiers autrefois tranquilles.

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