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lundi 27 mars 2023

Conservatisme

Si la Corée du Nord a failli tourner une page de son histoire sous le mandat de Donald Trump, la situation de la République coréenne est aujourd’hui au point mort. L’arrivée à la tête de la nation communiste, il y a dix ans, de Kim Jong Un, qui semblait ouvert à l’influence étrangère et aux réformes économiques, n’aura pas changé le pays comme certains le pensaient et les Coréens du nord sont plus isolés que jamais. En succédant à son père en 2011, Kim Jung-Un affichait la volonté d’assouplir le contrôle étatique de l’économie, fermant les yeux sur le développement du marché noir. Ces initiatives privées de taille très modeste ont permis au pays d’enregistrer en 2016 sa plus forte croissance en 17 ans, selon la banque centrale de Corée du Sud. Dans le même temps, il tendait la main à Séoul, allant jusqu’à inviter des vedettes sud-coréennes à se produire à Pyongyang. Depuis, les sanctions internationales imposées en 2017 après des tests de missiles et un puissant essai nucléaire ont porté un sérieux coup à son économie. La fermeture, dès janvier 2020, de ses frontières pour se prémunir du coronavirus a aggravé la situation. En réponse, le leader nord-coréen a renforcé son emprise et appelé à la solidarité nationale, selon des analystes. «Une censure de plus en plus importante laisse penser que le régime est moins confiant», souligne Troy Stangarone, directeur à l’Institut économique coréen. Parallèlement, selon des analystes, le dirigeant a perdu de l’assurance à l’issue de ses différentes rencontres avec le président américain Donald Trump, qui ont abouti à une impasse en 2019. Les deux dirigeants n’ont pas réussi à s’entendre sur les conditions d’un allègement des sanctions. Le Nord a enregistré en 2020 sa plus importante récession économique depuis deux décennies, selon la banque centrale de Corée du Sud. Lors du congrès du parti au pouvoir, en janvier, Kim Jong Un a reconnu des erreurs dans la mise en œuvre du plan économique, en présentant ces cinq dernières années comme la «pire» période pour son pays. Le régime a officiellement repris le contrôle de l’ensemble du commerce extérieur et des marchés intérieurs. Pyongyang a promulgué une loi punissant de 15 ans de prison les personnes possédant des biens sud-coréens. Les médias nord-coréens ont rapporté des propos du leader exhortant les autorités à éliminer le «cancer vicieux qui menace notre idéologie et notre système social et entrave la pensée unique». La Corée du Nord réprime depuis longtemps ce qu’elle appelle «l’invasion idéologique et culturelle». L’accès à la culture venue de
l’étranger est sévèrement restreint, peines de prison à l’appui. Toutes les radios et télévisions sont pré-réglées afin de ne recevoir que les médias d’État, et les Nord-Coréens n’ont pas accès au réseau internet mondial. Cho Han-bum, chercheur principal à l’Institut coréen pour l’unification nationale, a déclaré que la «génération Jangmadang», ceux qui sont nés et ont grandi pendant et après la famine des années 1990, résistera probablement à la répression. L’État n’ayant pas été en mesure de leur fournir des rations alimentaires pendant leur enfance, ils ont grandi en se débrouillant seuls, en comptant sur le marché noir pour survivre – et avec une allégeance nettement moindre envers les dirigeants, a expliqué M. Cho. «Un conflit entre l’approche conservatrice de Kim (Jong Un) et les milléniums et la génération Z du Nord sera inévitable», a-t-il ajouté. Ainsi, les améliorations notables espérées après l’arrivée de Kim Jung-Un n’ont pas eu lieu et le pays semble au contraire sombrer dans l’isolationnisme le plus total. Reste à voir si les Occidentaux finiront, à la manière de Trump, par tenter de nouer le dialogue avec Pyongyang, ou s’ils laisseront le peuple nord-coréen continuer à subir la politique conservatrice de leur dirigeant.

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