Des Syriens recrutés par la Turquie et des groupes russes pour aller combattre en Libye et au Nagorny Karabakh ont été «exploités» et n’ont pas reçu les indemnités promises, affirment des ONG de défense des droits humains en Syrie dans un rapport publié jeudi.
La Turquie et la Russie ont soutenu des camps opposés dans les conflits en Libye et au Nagorny Karabakh et sont accusées d’y avoir envoyé des milliers de mercenaires recrutés en Syrie. Le Centre syrien pour la justice et la responsabilité (SJAC) et l’ONG Syriens pour la vérité et la justice (STJ) ont mené une enquête sur le recrutement de ces mercenaires, dont la majorité sont d’anciens rebelles installés dans le nord-ouest sous influence turque.
En Libye, la Turquie a envoyé des milliers de combattants de factions de l’Armée nationale syrienne (ANS) pour appuyer le Gouvernement d’union nationale (GNA), basé à Tripoli, qui faisait face à une offensive du général Khalifa Haftar.
D’anciens soldats et miliciens syriens ont été recrutés par des groupes privés russes comme Wagner pour combattre aux côtés des forces de Khalifa Haftar, toujours selon les ONG qui regroupent chercheurs, journalistes et humanitaires syriens et étrangers.
Des mercenaires syriens pro-russes ont également été déployés au Nagorny Karabakh pour soutenir les forces arméniennes face aux forces azerbaïdjanaises, soutenues par Ankara, selon ledit rapport.
La Turquie est accusée d’y avoir envoyé des combattants syriens du nord-ouest, ce qu’elle dément.
«La communauté internationale doit réclamer des comptes à ceux impliqués dans le recrutement de ces combattants, tout en s’attaquant aux causes profondes qui font du travail de mercenaire l’une des seules sources de revenus pour de nombreux Syriens», plaide dans le rapport le directeur de STJ, Bassam al-Ahmad.
Les combattants syriens envoyés au Nagorny Karabakh, région azerbaïdjanaise à majorité arménienne, s’étaient vu proposer un salaire mensuel de 3 000 dollars, avec une indemnité de 75 000 dollars versée aux familles en cas de décès, et parfois même la citoyenneté turque.
Selon un agent ayant organisé des campagnes de recrutement pour la Turquie cité dans le rapport, ils n’ont touché que «800 à 1 400 dollars» par mois.
«L’exploitation a souvent pris la forme de vol systématique des salaires des combattants par leurs supérieurs», notamment des officiers de l’ANS. En Libye, cette pratique aurait commencé après la baisse des combats à l’été 2020, selon le rapport.
Maya H.