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jeudi 30 mars 2023

Confiance

Si numériquement le président français fraîchement réélu Emmanuel Macron semble avoir gagné les élections législatives de juin, dans les faits la situation est plus complexe. Malgré un nombre plus important de députés à l’Assemblée Nationale, il ne pourra toutefois pas décider seul des réformes et lois qu’il souhaiterait faire passer. N’ayant en effet pas acquis à l’issu du vote des législatives la majorité absolue dont il avait disposé lors de son premier mandat, le président Macron a désormais les mains liées. Or, plutôt que d’admettre sa défaite et de chercher à séduire ses opposants, Macron a choisi l’option de l’attaque en menaçant à demi-mots lors d’une allocution télévisée ses adversaires qui l’empêcheraient de mettre son programme en pratique. Une stratégie insolite qui pourrait bien braquer l’opinion publique et compliquer la tâche de son gouvernement et de sa Première ministre. Deux semaines après les résultats des élections législatives, la Cheffe du gouvernement est en effet à l’épreuve. Sans majorité absolue, elle tente de sauver son poste et maintenir une capacité d’action. Cette stratégie se révèle fructueuse auprès des Français. Selon un sondage Odoxa Backbone Consulting réalisé pour «Le Figaro», 51 % des Français souhaitent ainsi qu’elle demeure en place. C’est neuf points de plus qu’il y a une semaine. Ce n’est pas pour autant un blanc-seing que lui accorde la population. Au contraire. Conscients que la démarche est risquée, car elle pourrait mener à sa démission, les Français dans leur majorité (66 %) estiment qu’Élisabeth Borne doit se soumettre au fameux vote de confiance, censé suivre selon la tradition républicaine le discours de politique générale qu’elle prononcera mercredi prochain devant les députés. L’avis est forcément partagé par les sympathisants des oppositions (78 % pour LFI, 75 % PS, 70 % EELV, 74 % RN), mais aussi par ceux de Renaissance (54 %). L’aspiration au changement est en revanche réelle. Au-delà de Matignon, l’opinion publique (55 %) est demandeuse d’un large remaniement ministériel, concernant notamment les ministères «les plus importants». Ils sont moins (40 %) à vouloir que le changement ne se limite qu’aux trois ministres battus aux élections législatives, et de Yaël Braun-Pivet, partie pour le perchoir. Il est aussi préférable, pour 46 % des Français, que le nouveau gouvernement soit ouvert à des personnalités venant d’horizons différents, sans qu’il y ait forcément un accord de coalition acté avec ces autres partis. «Les partisans des partis les plus modérés (PS, EELV, Renaissance et LR) choisissent tous, et de loin, cette idée du gouvernement d’ouverture quand ceux qui soutiennent le RN, Reconquête ou LFI prônent le gouvernement d’union nationale», souligne Céline Bracq, directrice générale d’Odoxa. Mais, visiblement pessimiste, l’opinion ne croit pas que tous ces scénarios puissent se réaliser : 56 % des personnes sondées estiment ainsi qu’Emmanuel Macron ne tiendra pas compte de la nouvelle configuration de l’Assemblée Nationale pour gouverner dans les cinq années à venir. «Seuls les sympathisants de Renaissance croient toujours réellement en la capacité du chef de l’État d’être à l’écoute de ses concitoyens», précise Céline Bracq. Reste à voir si Macron cédera face à la pression et demandera à sa Cheffe du gouvernement de se soumettre au vote de confiance, ou si incapable de reconnaître son échec, il continuera contre toute logique à prétendre qu’il est en position de force.

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