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mardi 21 mars 2023

Conférence de Tripoli : préparer les esprits à l’idée du report des élections

On disait l’autre jour qu’à moins de trois mois d’élections plus qu’importantes, fondatrices d’une nouvelle ère en Libye, on peut considérer que le compte à rebours a commencé, le jour j de leur tenue, fixée au 24 décembre prochain, se découpant désormais assez nettement  à l’horizon. Mais maintenant que la distance temporelle n’est plus de trois mois mais de deux, un mois s’étant écoulé depuis, on ne s’est pas pour cela rapproché davantage de cet objectif, sur lequel tout le monde est en principe d’accord. On a même de bonnes raisons de penser qu’elles se sont éloignées au contraire. Elles ont la particularité de reculer à mesure qu’on s’en approche. Toutes les parties concernées, et elles sont nombreuses, se doutent déjà qu’elles n’auront pas lieu, en tout cas pas  à la date prescrite, cependant toutes font semblant d’y croire encore. Le gouvernement d’unité nationale, emmené par Abdelhamid Dbeibah, a organisé une conférence internationale à Tripoli, jeudi dernier,  sous l’intitulé « Initiative de soutien à la stabilité en Libye », à laquelle n’a pris part aucun représentant de Tobrouk, dont le communiqué final a néanmoins réitéré l’engagement de les tenir sans délai ni report. Tout semble s’être passé comme si le véritable motif de la conférence internationale était d’obtenir le consensus sur leur report, mais qu’il était vite apparu que cet objectif était hors de portée pour le moment, les esprits n’y étant pas encore suffisamment préparés. Si bien que ses initiateurs n’ont eu d’autre choix que d’exprimer à nouveau leur attachement à la date du 24 décembre. En fait, il ne leur appartient pas de reporter les élections. Le gouvernement Dbeibah ne tient pas son mandat des Libyens mais de l’ONU. C’est cette dernière qui a fixé la date des élections. Tout ce que ce gouvernement responsable devant l’ONU peut faire, c’est suggérer l’idée du report, en même temps que l’appuyer par un ou plusieurs arguments à même d’emporter la conviction de la communauté internationale. Son point fort, c’est le fait que la conférence a pu se tenir dans des conditions de sécurité tout à fait correctes. C’est la première conférence internationale sur la crise libyenne qui soit organisée en Libye même. Cela n’aurait pas été possible si l’insécurité prévalait encore à Tripoli. A défaut d’avoir obtenu le report recherché, du moins le gouvernement Dbeibah a-t-il montré à ses invités, les représentants d’une trentaine d’Etats intéressés à la stabilité de la Libye, que celle-ci régnait d’ores et déjà dans la capitale, et même dans tout le pays. Dans une vingtaine de jours, le 12 novembre prochain exactement, la France organise dans Paris une autre conférence internationale sur la Libye, qui elle pourrait servir à faire admettre le report. C’est probablement à l’Allemagne que cela serait revenu si elle disposait déjà d’un nouveau gouvernement, ce qui n’est pas le cas. On peut néanmoins douter qu’elle consente à l’idée de report, elle qui voit dans le processus de Berlin, et dans ses réalisations, la première d’entre elles étant bien sûr  le cessez-le-feu, toujours en vigueur, son œuvre exclusif, en quoi elle n’a pas peut-être pas tort. Le processus de Berlin resterait-il inchangé si les élections, pour une raison ou pour une autre, ne se tiennent pas le 24 décembre, comme il a été d’abord convenu ? En particulier, le cessez-le-feu continuerait-il d’être respecté de part et d’autre de la ligne de démarcation dans ce cas?  C’est à des questions de ce genre qu’il faut maintenant répondre, et  dans l’urgence, le 24 décembre étant maintenant à une encablure.

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