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samedi 25 mars 2023

Conférence de Paris sur la Libye, des élections à tout prix

Sur deux points au moins la conférence internationale de Paris du
12 novembre sur la Libye n’aura pas été complètement inutile. Le premier est que les élections auront probablement lieu, comme prévu ; la deuxième est qu’elles se tiendront en même temps, mais pas nécessairement le même jour et la même heure pour les deux, présidentielle et législatives. Cela on le savait déjà, à vrai dire, sauf que le réitérer à quelque six semaines de l’échéance, évidemment a plus de poids que si le temps à parcourir se mesurait en mois. La véritable nouveauté de cette énième conférence sur la Libye, outre son intitulé exact, qui n’est pas «conférence sur la Libye», mais «conférence pour la Libye», c’est qu’elle est coprésidée par les Libyens, à côté des Français, des Italiens et des Allemands. Il n’y a pas mieux pour être en droit ensuite de les tenir comptables de leurs actes. C’est même cela le véritable objet de la conférence : leur soutirer à tous deux, Mohamed el-Menfi, le président du Conseil présidentiel, et Abdelhamid Dbeibah, le Chef du gouvernement d’unité nationale, l’engagement que ces élections se tiendront bel et bien à leur date, et qu’eux-mêmes en accepteront, en même temps que leurs camps respectifs, les résultats, quels qu’ils soient.

Le président du pays organisateur, le président français, a bien insisté là-dessus lors du point de presse à l’issue de la conférence : les résultats quels qu’ils soient. Ni el-Menfi ni Dbeibah n’ont été aussi catégoriques. Il est vrai, encore moins celui-ci que celui-là, qui semble plus assuré du résultat, du moins de celui de la présidentielle. Dbeibah n’accepterait les résultats que si l’élection était irréprochable à tous égards, et dans la mesure où la loi électorale n’excluait personne par avance. Or lui-même veut se représenter, ce qu’il ne peut pas aux termes de la loi électorale adoptée par le Parlement basé à l’est, mais rejetée à l’ouest. L’autre acquis de Paris, c’est que sur les
20 000 mercenaires se trouvant pour le moment sur le sol libyen, 300 (comme par hasard des Tchadiens et des Soudanais) doivent quitter la Libye sans plus tarder. Il est arrivé à Emmanuel Macron de dire aux journalistes que ces 300 mercenaires étaient en train de partir au moment précis où il parlait. Des élections qui se tiendraient avec les
20 000 mercenaires au grand complet seraient peut-être plus ou moins douteuses. Mais pas celles qui se feraient en présence de 19 700 mercenaires seulement. C’est en tout cas ce que le président français semblait vouloir dire. Les mercenaires qui ne seraient pas partis avant le 24 décembre, eh bien ils partiraient après cette date, selon un calendrier d’ailleurs déjà dûment établi par le comité militaire dit des 5+5. Lequel comité a d’ailleurs changé de nom. Il s’appelle maintenant le comité (conjoint) des 10. Une Libye, un seul comité militaire. La petite réunification annonciatrice de la grande. A la décharge des organisateurs, cette trouvaille des 5+5 se transformant en un seul 10 n’est pas la leur, mais celle des Libyens directement concernés, présents eux aussi à Paris. Pour autant, c’est à eux que l’on doit la seule chose qui ait réussi jusque-là en Libye : le cessez-le-feu, inviolé depuis son entrée en vigueur en octobre 2020.

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