La prochaine campagne présidentielle ne s’annonce pas rose pour Jean-Luc Mélenchon qui depuis 2017 ne cesse de voir les intentions de vote à son égard diminuer et son parti être laminé à toutes les élections. Celui qui se voyait comme le premier opposant d’Emmanuel Macron ne séduit plus et déjà certains se demandent s’il ne serait pas temps pour lui de passer la main, lui qui aura plus de 70 ans en 2022. Mais pour le dirigeant de La France Insoumise, pas question de lâcher prise et plus hargneux que jamais il attaque en justice Jean-Guy de Chalvron, ex-rapporteur de la Commission nationale des comptes de campagne (CNCCFP) chargée de valider les dépenses électorales avant leur remboursement par les finances publiques. Jean-Guy de Chalvron avait démissionné avec fracas de la CNCCFP le 22 novembre 2017, avant la fin de son travail sur les comptes de Jean-Luc Mélenchon, au motif que la commission lui avait demandé de modifier sa «lettre de griefs», document dans lequel le rapporteur proposait 1,5 million d’euros de dépenses à rejeter. Après son départ, la Commission avait validé les comptes du candidat LFI, retranchant 434 939 euros sur les 10,7 millions déclarés. Mais elle avait fini par saisir la justice en mars 2018 pour des prestations possiblement surfacturées, provoquant l’ouverture d’une enquête, confiée depuis novembre 2018 aux juges d’instruction. Pour Me Mathieu Davy, l’avocat de Jean-Luc Mélenchon, «la Commission a été poussée à ce signalement à cause de l’acharnement médiatique de Jean-Guy de Chalvron». Le leader de la France insoumise attaquait l’interview accordée par Jean-Guy de Chalvron à BFMTV le 30 mai 2018, lors de la révélation de l’enquête judiciaire. «Dans cette lettre des griefs, je disais attention il y a trois irrégularités : il y en a une d’ordre fiscal, il y en a une contraire à la législation sur les associations et une troisième pénale», avait déclaré l’ex-rapporteur sur le plateau télévisé. «Il y a peut-être 1 500 factures douteuses», avait-il aussi déclaré, sur environ 5 000 que son co-rapporteur et lui devaient examiner. Comme exemples de dépenses illégitimes, car non destinées à recueillir des suffrages, le haut-fonctionnaire avait cité les «déjeuners de l’équipe de campagne» ou le fait de voyager pour rencontrer un chef d’État étranger. «Parler d’irrégularités, ça laisse entendre qu’il y a eu fraude, c’est une mise en cause violente du candidat», a témoigné à la barre un des proches de Jean-Luc Mélenchon, le conseiller d’État Bernard Pignerol, au fait du dossier. C’est en effet les prestations fournies à la campagne par son association, «l’Ère du peuple», que les enquêteurs judiciaires passent au peigne fin depuis bientôt trois ans. L’avocat de Jean-Guy de Chalvron, Me Pierre-Emmanuel Blard, a fait valoir que les interventions publiques de son client «ne visaient qu’à alerter sur les dysfonctionnements de la Commission». Les propos attaqués ne visaient pas directement le candidat, qui «a en retour entrepris une longue campagne de dénigrement de Jean-Guy de Chalvron», a ajouté l’avocat, réclamant la condamnation de Jean-Luc Mélenchon pour dénonciation abusive. La procureure a estimé que les propos poursuivis étaient bien diffamatoires, mais elle s’en est remis au tribunal sur la question d’une éventuelle exonération au titre de la bonne foi. La décision doit être rendue le 16 avril. Jean-Luc Mélenchon qui moquait les soucis judiciaires de certains de ses opposants à la présidentielle de 2017, n’est aujourd’hui pas épargné par des problèmes du même ordre et doit répondre de faits qui entachent gravement l’image de probité dont veut se draper l’Insoumis. Reste à voir si cette affaire aura un impact sur les intentions de vote des sympathisants de gauche qui pourraient désormais choisir de se tourner vers un candidat moins subversif, que ce soit du côté des écologistes ou de la gauche traditionnelle.