Depuis le début de la guerre d’Ukraine les pays occidentaux sont allés très loin pour tenter d’étrangler économiquement, faute de s’impliquer en envoyant des troupes, Moscou. Or, l’Europe, ou plus exactement certains pays européens refusent de fermer le robinet du gaz russe, nécessaire à la bonne marche de leurs nations. L’Allemagne notamment exclus farouchement de se soumettre aux demandes récurrentes des responsables ukrainiens qui demandent depuis plus de deux mois maintenant que l’Europe cesse d’acheter le gaz russe. Tant et si bien qu’une partie de l’opinion publique et de la classe politique allemande se rebiffe contre la politique du chancelier Olaf Scholz, accusé de laxisme vis-à-vis du Kremlin. Tout comme le président allemand Frank-Walter Steinmeier, accusé par Kiev d’être trop « compréhensif » avec Vladmir Poutine. L’entourage de Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, a surpris tout le monde en déclarant sèchementr au début du mois d’avril : « Nous connaissons tous les relations étroites de Steinmeier avec la Russie ici… Il n’est pas le bienvenu à Kiev pour le moment. Nous verrons si cela change .» Le président de la République fédérale serait purement et simplement classé dans la catégorie de « ceux qui comprennent Poutine », les fameux « Putin-Versteher ». « J’étais prêt à y aller, mais apparemment ce n’était pas souhaité à Kiev et j’en prends acte », s’était-il contenté de répondre, manifestement vexé. On ne lui pardonnerait pas « son compagnonnage avec l’ancien chancelier social-démocrate, Gerhard Schröder, embauché par le géant russe Gazprom trois semaines après son départ du gouvernement, en 2005 », comme le racontait il y a quelques jour le quotidien français Le Monde. Mais cette semaine le ton est monté entre le chancelier lui-même et les ukrainiens, qui pourtant réclamaient une visite du dirigeant allemand depuis de nombreuses semaines. Lundi soir sur la chaîne ZDF, Olaf Scholz a en effet déclaré officiellement ne pas vouloir se déplacer dans la capitale ukrainienne tant que Frank-Walter Steinmeier serait désigné persona non grata par Kiev. Une décision qui a scandalisé l’ambassadeur d’Ukraine en Allemagne Andrij Melnyk. Répondant à son interlocuteur dans la presse allemande, il a d’abord rappelé sèchement que « la guerre, ce n’est pas un jardin d’enfants. Il s’agit de la guerre de destruction la plus brutale depuis l’invasion de l’Ukraine par les nazis ». Pour ensuite utiliser une célèbre pique locale : « Cela ne fait pas très chef d’État de se comporter comme une saucisse de foie offensée ». L’ambassadeur n’a ainsi pas du tout apprécié que le très officiel chancelier trouve le temps d’être vexé, alors que l’Ukraine est agressée du matin au soir par l’armée de Poutine. Olaf Scholz a, depuis, répondu aux propos de Monsieur Melnyk en défendant une nouvelle fois le président allemand : « Ce n’est pas une façon de traiter le président d’un pays comme l’Allemagne, qui a apporté une aide financière et militaire considérable. » reste à voir si l’embargo que vient notamment de signer l’Allemagne adoucira les relations entre Kiev et Berlin ou si la tension entre les deux pays alliés continuera à grimper crescendo tant que les allemands achèteront du gaz russe.