Si Marine Le Pen a fait samedi une prestation qui a été sans surprise appréciée de son public, elle reçoit encore des critiques de la part de son père qui la soutient néanmoins dans son ambition présidentielle. L’ancien président d’honneur du FN se montre ainsi très dur sur le comportement de sa fille à la tête de son parti. Dans une interview au JDD, le patriarche commence par louer les qualités de Marine Le Pen, qui se présente pour la troisième fois à l’élection suprême. «Elle a beaucoup progressé, travaillé. Elle est capable de faire des débats. L’image qu’elle projette est plus positive», considère-t-il. Si Jean-Marie Le Pen reconnaît les qualités de l’ancienne présidente du Rassemblement National, il n’entend pas pour autant tenir sa langue. Quelques années après avoir été éjecté du parti à la flamme pour avoir dit en avril 2015 que les chambres à gaz étaient «un détail» de l’histoire de la seconde guerre mondiale, l’ancien « diable de la République » n’est pas toujours élogieux à propos de sa fille. « Elle n’écoute personne. Je suis beaucoup plus souple qu’elle. Elle a écarté beaucoup de militants, des amis de Marion. C’est une écarteuse, plus efficace dans l’éjection que dans le recrutement », lance-t-il à celle qui porte les couleurs de son parti depuis 2012. Il y a quelques jours, c’était Marine Le Pen qui fustigeait le comportement de son père pour mieux éreinter son principal concurrent dans un entretien à Causeur : «Zemmour reproduit précisément les erreurs de Jean-Marie Le Pen qui faisait parfois des provocations pour le plaisir de provoquer, pas pour faire avancer une idée». Au lendemain d’une grande convention où Marine Le Pen a lancé sa campagne présidentielle, en dévoilant une part d’intimité en fin de discours, le patriarche du clan Le Pen trouve que la présence du candidat de Reconquête est finalement utile pour le RN. « Zemmour, je l’aime beaucoup. Il remet mes idées dans la campagne. C’est lui que l’on attaque, c’est lui l’homme d’extrême droite. Peut-être rend-il service à Marine », pointe-t-il. Alors que Marion Maréchal se donne le temps de la réflexion avant de choisir entre les deux impétrants, Jean-Marie Le Pen ne comprend pas son comportement. «C’était une Marine sans défaut. C’est moi qui l’ai envoyée à Carpentras pour les législatives de 2012, pour laver l’affront d’avoir été accusé par la gauche d’être des inspirateurs et pourquoi pas des auteurs de la profanation du cimetière juif en mai 1990», explique-t-il. Après les confidences de sa petite-fille au Figaro, où elle indiquait vouloir revenir en politique, l’ancien patron du Front national a vu rouge : «Qu’est-ce qui lui a pris d’annoncer son envie de retour en politique, alors qu’elle est dans un autre projet de vie. Elle est mariée, attend un enfant pour le mois de juin. Comment pourrait-elle, dans ces conditions, être candidate aux législatives ?» Ainsi, si Jean-Marie Le Pen désapprouve les méthodes de gestion de sa fille, il lui reste fidèle, alors même qu’il admet qu’idéologiquement il se sent plus proche d’Éric Zemmour. Reste à voir s’il tiendra cette ligne jusqu’au bout, surtout si d’ici le scrutin du premier tour, le 10 avril, Zemmour venait à distancer Marine Le Pen dans les sondages et à être le candidat favori du camp national.