En février 2022, Emmanuel Macron faisait plusieurs voyages à Moscou pour discuter avec Vladimir Poutine de la situation en Ukraine. Voulant à toute force se donner l’image d’un médiateur à la carrure internationale, le président français n’avait finalement réussi qu’à s’attirer les moqueries. Pourtant, aujourd’hui le chef de l’État continu à vouloir se présenter comme un dirigeant capable de donner des conseils à d’autres dirigeants et d’autres peuples, alors qu’il a lui-même fait face à la fureur de ses propres concitoyens et qu’il est le président le plus impopulaire de la Ve République. En effet, jeudi, Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz ont appelé le Kosovo a organisé de nouveaux scrutins dans le nord, théâtre d’affrontements depuis plusieurs jours. Les résultats sont contestés dans plusieurs municipalités. « Nous avons demandé aux deux parties l’organisation dans les meilleurs délais de nouvelles élections dans ces quatre municipalités », a déclaré Emmanuel Macron à l’issue d’une réunion quadripartite avec les présidents serbe et kosovare à Chisinau, en marge d’un sommet de la Communauté politique européenne. Selon le président français, cette demande implique un « engagement de la part du Kosovo » et la « participation à ces élections de manière claire de la part de la partie serbe ». Interrogée peu après sur ce point, la présidente du Kosovo Vjosa Osmani a assuré qu’elle était « prête à envisager » cette possibilité. Des « décisions claires » ont été demandées aux deux dirigeants « pour la semaine prochaine », a insisté le président français, évoquant aussi « le règlement prioritaire et sans délai de la question de l’association des municipalités serbes de la part du Kosovo ». Dans le même temps, le chef de la diplomatie de l’UE réunira les ministres des deux parties sur l’association de ces municipalités serbes, a ajouté Emmanuel Macron. Le chef de l’État français a aussi déploré « l’organisation regrettable d’élections alors que les garanties de bon déroulement n’étaient pas fournies » et l’élection de « quatre maires avec moins de 5 % des votants, ce qui n’est évidemment pas une condition de légitimité ». Depuis quelques jours, la situation est très tendue dans la région, qui va de crise en crise depuis des années. De nombreux membres de la communauté serbe majoritaire dans quatre villes du Nord ne reconnaissent pas l’autorité de Pristina et sont fidèles à Belgrade. Les Serbes ont boycotté les municipales d’avril dans ces localités, ce qui a abouti à l’élection de maires albanais avec une participation de moins de 3,5 %. Leur intronisation la semaine dernière par le gouvernement kosovar a mis le feu aux poudres. Toutefois, si la situation est explosive dans la région, il très peu probable qu’une intervention des dirigeants français et allemand change quoi que ce soit à la situation. Mais Emmanuel Macron surtout semble incapable de résister à son besoin de s’insérer dans des conflits qu’il n’a aucun moyen de résoudre. Peut-être espère-t-il que faute d’inspirer le respect dans son pays, il se fera bien voir à l’étranger et réussira à maintenir l’illusion d’un dirigeant important au sein de la communauté internationale.