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jeudi 23 mars 2023

Comme un air de désescalade

Bien que les réponses américaines et celles de l’Otan n’aient pas donné à la Russie satisfaction sur ses principales demandes relatives à sa sécurité sur ses frontières occidentales, le fait est que depuis leur transmission, par l’intermédiaire de leurs représentants à Moscou, on a l’impression, peut-être trompeuse, que la tension à la frontière avec l’Ukraine a baissé d’un cran. Ces réponses, pourtant négatives sur les points qui aux  yeux de Moscou comptent le plus, et qui pour cela auraient dû provoquer sa colère, ont eu au contraire comme un effet de désescalade. Comment est-ce possible ? Probablement parce qu’elles ont été faites par écrit, exactement comme l’avait exigé la Russie. Tant que cela n’a pas été fait, la Russie devait craindre qu’elles ne lui parviennent jamais, du moins sous la forme réclamée par elle, dont on ne sache pas qu’elle fût d’un usage courant  entre les superpuissances, ni même d’ailleurs entre nations ordinaires. Un geste d’autant plus apprécié par elle que le chef de la diplomatie américaine avait commencé par insinuer qu’il ne s’abaisserait pas de la sorte. Les mêmes réponses mais qui n’auraient été données par écrit n’auraient probablement pas été reçues avec le même calme par elle. Ainsi donc, on s’attendait à ce que ce soit les Russes qui les premiers s’engagent dans la voie de la désescalade, puisque c’étaient eux qui avaient massé des troupes à la frontière avec l’Ukraine, et au bout du compte, ce sont les Américains et l’Otan qui ont pris les devants. Il arrive que la forme l’emporte, temporairement tout au moins,  sur le fond. Le chef démissionnaire de la marine allemande, Kay-Achim Schönbach, qui avait qualifié d’inepties les craintes de l’Otan selon lesquelles la Russie se préparait à envahir l’Ukraine, ne semble pas avoir eu tort lorsqu’il disait que ce que la Russie recherchait par-dessus tout, c’est qu’on la respecte. Elle vient d’avoir deux marques de respect, alors qu’une seule aurait suffi, celle des Américains, les réponses de l’Otan ne pouvant être qu’une répétition de celles des Américains. Il y en au une troisième, à vrai dire, encore qu’elle n’en ait pas l’air, et qu’elle soit survenue avant celles des Américains et de l’Otan. Elle vient des Allemands, qui priés de faire comme tout le monde, c’est-à-dire d’envoyer des armes à l’Ukraine, lui ont proposé…des casques, des milliers de casques. Rien ne pouvait faire plus de plaisir aux Russes. Le respect poussé à ce point, c’est plus que du respect, c’est de l’amitié et de l’humour. En fait les Allemands croient les Ukrainiens si peu en danger qu’ils ont eu l’intention de leur envoyer des couvre-chefs, un accessoire fort utile d’ailleurs. Or ce n’est pas là tout ce que les Allemands ont fait pour se démarquer de l’hystérie environnante, ils ont également interdit aux avions britanniques transportant des armes en Ukraine de traverser  leur espace aérien. De sorte qu’à la fin le maire de Kiev leur a demandé tout net de dire de quel côté ils étaient. Quant aux Français, ils ont dépêché des soldats en Roumanie, comme si c’était là que cela se passait. A part les pays baltes, toujours mortellement antirusses, il n’y a eu finalement en Europe que la Grande-Bretagne pour faire du zèle en l’occurrence. En cela, Boris Johnson suit un exemple, celui de Tony Blair pendant la guerre du Golfe, un alignement sur Georges Bush qui avait  mis fin à sa carrière politique.

 

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