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mardi 6 juin 2023

Cinéma soudanais: Le souffle révolutionnaire donne un nouvel élan

Plusieurs films soudanais traitant d’enjeux sociopolitiques ont été acclamés sur la scène internationale mais peinent à obtenir la même reconnaissance au Soudan, où ils incarnent l’émergence d’un nouveau cinéma nourri par la révolution qui a chassé du pouvoir Omar el-Béchir en 2019.
En tête de ceux-ci, «Tu mourras à 20 ans», réalisé par Amjad Abou Alala, a été le premier film soudanais sélectionné aux Oscars et le premier à être diffusé sur la plateforme en ligne Netflix. En 2019, le film a raflé plusieurs récompenses internationales à la Mostra de Venise ou encore aux Journées cinématographiques de Carthage.
«Les jeunes cinéastes soudanais agissent sans les complexes, le manque de confiance en soi ou la frustration dont ont souffert les générations précédentes», selon Amjad Abou Alala.
Pour le directeur de l’initiative culturelle Sudan Film Factory, Talal Afifi, le gouvernement de Béchir avait «fait avorter toutes les initiatives culturelles et artistiques et combattu (…) la diversité et la liberté d’opinion».
Sa plateforme a organisé ces dix dernières années une trentaine d’ateliers de scénario, de réalisation, de montage, et a produit plus de 60 courts métrages mis à l’honneur dans des festivals internationaux.
Le nouvel élan du cinéma soudanais est né d’un «travail acharné datant d’avant même la chute de Béchir», estime M. Afifi, la révolution numérique rendant la réalisation de films bien plus abordable.
De nombreux cinémas avaient fermé sous le règne de Béchir. Ils sont aujourd’hui autorisés mais leur réouverture a été perturbée par la pandémie de nouveau coronavirus.
Les réalisateurs soudanais font face à d’autres défis. Hajooj Kuka, qui a réalisé «Beats of the Antonov», film primé à l’international en 2014, a été condamné à deux mois de prison en 2020 pour «nuisance publique» alors qu’il répétait une pièce de théâtre. Il a été libéré quelques semaines plus tard après appel.
Ces dernières années, d’autres œuvres soudanaises ont retenu l’attention des critiques, comme «Talking about trees», de Suhaib Gasmelbari, sacré meilleur documentaire à la Berlinale en 2019.
S’attaquant au sexisme dans le pays conservateur, le documentaire de la réalisatrice Marwa Zein, «Khartoum Offside», met, lui, en scène des footballeuses qui se battent pour pouvoir vivre leur passion, après l’interdiction officielle de la pratique de ce sport aux femmes. Il a également été primé à l’international.
La plupart de ces réalisateurs en vogue ont vécu des années à l’étranger, comme Mme Zein, M. Gasmelbari ou M. Alala, qui vit à Dubaï depuis son enfance.
«Nous sommes des enfants de la diaspora, c’est pourquoi notre analyse des affaires des Soudanais est critique», commente ce dernier.
M. K.

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