Contrairement à d’autres mouvements politiques en France qui ont connu une longue descente aux enfers, la chute du Parti socialiste a été si soudaine qu’elle a été d’abord difficile à croire. Le parti qui avait envoyé son candidat à l’Élysée en 2012 et qui avait dans la foulée obtenu la majorité absolue à l’Assemblée Nationale ne récoltait plus à l’élection présidentielle suivante que 6 % des voix. Et s’il est vrai que le président François Hollande a connu un mandat difficile avec une impopularité alors record, l’on ne pouvait se douter à l’époque que cela impacterait autant le parti à la rose. La reprise du PS par Olivier Faure en janvier 2018 finira de faire sombrer le mouvement qui n’obtient que 1.75 % à la dernière élection présidentielle et qui est obligé de s’allier à l’extrême-gauche pour avoir des députés au Parlement. Cette semaine, alors que les militants élisent leur nouveau Premier secrétaire, le courant «traditionaliste» du PS, mené par l’ex-président Hollande, monte au créneau pour tenter de convaincre les électeurs de ne pas reconduire Faure à son poste. Interviewé sur France Inter, François Hollande a affirmé son soutien au maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, pour prendre la tête du Parti socialiste. «Il me paraît être celui qui peut rassembler les socialistes et, tout en étant attaché à l’union de la gauche, faire en sorte que le Parti socialiste existe», a ajouté l’ancien président de la République. Il a par ailleurs jugé qu’une victoire du premier secrétaire sortant, Olivier Faure, chantre de l’alliance avec La France Insoumise, serait «fâcheuse». L’ex-président socialiste (2012-2017) est considéré comme proche de la ligne de la maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy, qui mène la fronde contre la participation du PS à la Nouvelle union populaire, écologique et sociale (Nupes) dominée par le mouvement de Jean-Luc Mélenchon. Mais le texte d’orientation d’Hélène Geoffroy est arrivé troisième en vue du congrès du parti fin janvier, avec 20,34 % des voix des adhérents, derrière ceux d’Olivier Faure (49,15 %) et de Nicolas Meyer-Rossignol (30,51 %). Ces deux derniers s’affronteront pour le poste de Premier secrétaire jeudi, lors d’un second tour. Interrogé sur la première place de l’actuel patron du PS, François Hollande, qui a quitté l’Élysée en 2017, a répondu : «Je ne salue pas cette performance. Il y a cinq ans, le Parti socialiste, c’était à peu près 80 000 adhérents, aujourd’hui, c’est la moitié ; sur les 40 000, il n’y en a que la moitié qui sont venus voter ; et sur les 20 000, il y en a la moitié qui est venue voter, à peine, pour Olivier Faure. Vous parlez d’une performance !», a-t-il ironisé. «Je pense que Nicolas Mayer-Rossignol peut gagner», a-t-il insisté. S’il n’y parvenait pas, ce serait «tout à fait fâcheux», a-t-il estimé, tout en assurant qu’il fallait «toujours respecter le verdict du vote». Interrogé sur la réforme des retraites voulue par Emmanuel Macron, son prédécesseur a estimé qu’elle n’était ni urgente ni juste. «Qu’il y ait une nécessité de corriger le système, oui, bien sûr, mais tout de suite ? Au moment où les Français connaissent une inflation forte, une crise de l’énergie, une possible récession, la guerre en Ukraine ?», a-t-il demandé. «Il n’y a pas de bon moment pour la réforme des retraites, oui, mais il y en a de mauvais. Celui-là est un mauvais moment», a-t-il martelé, disant s’attendre à une «très forte» mobilisation des opposants jeudi 19 janvier. Mais l’avis de l’un des présidents les plus impopulaires de la Ve République est-il vraiment pertinent pour les électeurs de gauche qui ont ces dernières années choisi de se tourner vers le centre représenté par Emmanuel Macron et l’extrême-gauche représentée par La France Insoumise. Ceux qui continuent à rester fidèles au PS pourraient être rebutés par celui qui a contribué à démolir leur mouvement et qui a transformé le mandat tant attendu du PS à l’Élysée en échec absolu.