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dimanche 3 décembre 2023

Changements

Le monde entier place ses espoirs dans l’efficacité des vaccins contre le Covid-19 pour mettre fin à la crise sanitaire qui a frappé tous les continents et tous les pays durant l’année 2020, avec 85 millions de cas enregistrés et près de 2 millions de morts. Pourtant, si désormais les vaccins existent, les phases de vaccination risquent de prendre du temps, selon les pays et leur organisation. Ainsi, si aux États-Unis déjà plus de 2 millions de personnes ont été vaccinées, du côté de l’Europe l’on a pris un peu de retard vis-à-vis de l’allié américain. En France, lors de ses vœux, jeudi 31 décembre, Emmanuel Macron avait assuré qu’il ne laisserait «personne jouer avec la sûreté et les bonnes conditions dans lesquelles la vaccination doit se faire». Pourtant, il semblerait qu’en privé le président s’agace de la lenteur de la campagne commencée le 27 décembre, raconte le «JDD». Évoquant un «rythme de promenade en famille», Emmanuel Macron prévient : «Ce n’est à la hauteur ni du moment ni des Français». La pandémie de Covid-19, contre laquelle il avait déclaré la «guerre» en mars dernier, compte près de 65 000 morts, et la tendance est à la reprise épidémique dans l’Hexagone. «La France peut et doit gagner cette guerre. Elle la gagnera», assure le chef d’État. Ses mots, rapportés par le «JDD», sont durs : «Moi, je fais la guerre le matin, le midi, le soir et la nuit. Et j’attends, de tous, le même engagement. Or, là, ça ne va pas. […] Ça doit changer vite et fort et ça va changer vite et fort». «On a tous bien senti qu’il n’était pas du tout satisfait», souffle un proche du président après le Conseil de défense sanitaire de la semaine dernière. Le président veut que la vaccination accélère dans le pays. «Il a été très clair», admet un ministre avant d’ajouter : «On assume de commencer par vacciner en Ehpad […], mais ça ne peut pas être une excuse pour des lenteurs injustifiées». Des soucis bureaucratiques empoisonnent la rapidité de la campagne. Ainsi, sur les 100 supercongélateurs commandés pour stocker le vaccin de Pfizer et BioNTech, 10 attendent toujours une validation des services étatiques, rapporte le «JDD». Le gouvernement est confronté à des critiques massives face à la lenteur de la campagne de vaccination. Environ 350 personnes ont été vaccinées en France fin décembre, d’après CovidTracker, contre près de 190 000 en Allemagne et 72 000 en Italie. Face à la déferlante de critiques, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a drastiquement changé son discours. S’il a défendu ce bilan mardi dernier en assurant qu’il ne fallait pas confondre «vitesse et précipitation», deux jours plus tard il annonçait le vaccin aux professionnels de santé de plus de 50 ans. La demande de consentement, jusqu’ici préalable de deux semaines à l’injection, peut à présent être donnée oralement au moment de la consultation. Le gouvernement envisage aussi de puiser dans la réserve des «deuxièmes doses», jusqu’ici réservées aux Ehpad, pour vacciner à flux tendu. Reste que l’écart en nombre avec les voisins est pour le moment assez significatif et montre une fois encore le frein que constitue la trop dense administration française qui, bien plus qu’elle n’aide, a démontré lors de la crise sanitaire qu’elle ralentissait tous les efforts fait pour répondre efficacement aux conséquences du Covid-19. Seul un changement en profondeur du fonctionnement de l’État pourra pallier ces dysfonctionnements et surtout réduire le nombre de paliers hiérarchiques administratifs inutiles. Reste à voir qui aura le courage de procéder à ces modifications au risque de courroucer et de se mettre à dos plus de deux millions de fonctionnaires.

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