La crise sanitaire liée au coronavirus a frappé de plein fouet le trafic aérien mondial, aucune compagnie n’a été épargnée, entraînant une chute du nombre de passagers, une baisse significative des revenus et des suppressions d’emplois. Durement frappé par une crise à l’ampleur jamais vue, les conséquences de cette pandémie, qui a paralysé le secteur aérien, vont se faire sentir sur la durée. S’exprimant à l’émission LSA Direct, Chakib Belleili, président d’Air Express Algeria, ancien P-DG d’Air Algérie et expert en aviation civile, est revenu sur cette crise qui a engendré des dommages considérables à l’industrie du transport aérien. «C’est le plus grand choc qu’a reçu le transport aérien depuis la Deuxième Guerre mondiale. Les compagnies aériennes du monde entier ont fait les frais de l’épidémie de coronavirus, que ce soit en termes de finance, d’emplois ou, plus globalement, de fonctionnement», a-t-il expliqué. Selon l’expert, à la suite de cette très grave crise il y aura certainement «un temps d’adaptation. On ne prévoit de retrouver le niveau du trafic aérien d’avant-crise qu’à partir de 2023/2024». Il est à rappeler que le transport de passagers a vu son activité chuter de 67 % en 2020 par rapport à 2019. Interrogé sur la gestion de la pandémie par l’Algérie et la décision d’arrêter l’activité aérienne, l’invité a expliqué que le risque de contamination pendant le transport était «extrêmement faible». Il a avancé le chiffre de 50 contaminations sur 1,2 millions de passagers. D’ailleurs, Air Algérie a-t-elle les moyens de se relever de cette crise ? Le président d’Air Express Algeria dira : «Il n’est pas question de laisser tomber Air Algérie car c’est une compagnie qui appartient à 100 % à l’Etat algérien». Il citera, à ce propos, d’autres pays qui «ont mis la main à la pâte pour renflouer les caisses», à condition, a-t-il expliqué, que l’entreprise «fasse des efforts et prenne des mesures à l’interne pour se restructurer, comme encourager les départs à la retraite anticipée». «Le transport aérien va sortir transformé de cette crise», a-t-il assuré. Sur une éventuelle fermeture des agences d’Air Algérie à l’étranger et le passage à la vente exclusive des billets sur internet, Chakib Belleili a estimé qu’«on le fait avec beaucoup de retard. Certes, l’achat des billets par internet a commencé, mais ce n’est pas encore très développé». S’agissant de l’autorité de régulation de l’aviation civile qui existe sur le papier et qui n’a pas encore été installée, Chakib Belleili a affirmé que «dans l’aviation civile, les gens font ce qu’ils peuvent avec les moyens du bord, aller surveiller toutes les compagnies, donner les agréments nécessaires et ne pas retarder l’opérateur n’est pas aisé. Il ne faut pas oublier que le temps de l’opérateur et de l’administration est différent, l’opérateur veut aller vite parce que cela coûte de l’argent. Or, l’administration va doucement et par conséquent cela va gêner l’évolution. C’est ce qui arrive aujourd’hui». Et de poursuivre : «La plupart des pays africains sont passés devant, ils sont plus avancés que nous car ils ont créé leur autorité, il a y bien longtemps. Donc, il y a beaucoup de choses à faire». «On espère finalement y arriver et ne pas rester à la traîne dans ce domaine», a-t-il ajouté. A propos de la déclaration du président de la République, Abdelmajid Tebboune, concernant l’encouragement des opérateurs privés et étrangers à investir dans le secteur aérien, l’ancien P-DG d’Air Algérie a souligné que la maladie du Président et la lutte contre le coronavirus a largement retardé ce projet, tout en précisant qu’il fallait patienter jusqu’après les élections pour qu’«il y ait quelque chose de significatif». Evoquant le développement d’un hub aérien à Tamanrasset, annonce aussi faite par le chef de l’Etat, il a indiqué que «l’Algérie, par sa situation et par sa force économique, peut effectivement faire un hub mais il faut définir quel sera son rôle. Il sera surement destiné vers l’Afrique, où tout est à faire». Pour ce faire, il faut, a-t-il assuré, «faire, entre autres, des études très poussées sur la destination possible des passagers, définir l’activité commerciale, quels seront les coûts et que va investir l’Etat». «Cela demande une maturation, mais il ne faut pas que ça prenne des années», a-t-il poursuivi.
Meriem Benchaouia