Beaucoup des partisans, les plus enthousiastes de Joe Biden durant la campagne présidentielle de 2020, ont été particulièrement déçus en constatant que le président démocrate ne pourra pas tenir toutes ses promesses de campagne. Pire, ils se sont surtout aperçus que Biden poursuivait aussi, discrètement, sur certains dossiers, la même politique que Donald Trump. Or cette semaine, le président américain menait des négociations intensives auprès d’élus démocrates divisés, dans une course contre la montre pour faire adopter ses grandes réformes économiques et sociales au Congrès. Après des semaines de blocage entre l’aile gauche du parti démocrate et les centristes sur le coût et l’ampleur de son gigantesque programme de dépenses sociales (éducation, santé, garde des jeunes enfants) et environnementales, le président démocrate a intensifié ses efforts. «Il passe pratiquement chaque minute de sa journée à échanger avec des élus du Congrès et je pense que c’est le reflet du sentiment d’urgence qui l’habite», a affirmé la porte-parole de la Maison-Blanche, Jen Psaki. «Nos efforts visent à continuer à faire des progrès», a-t-elle indiqué. «Nous nous approchons de la dernière phase pour trouver un terrain d’entente», a-t-elle ajouté. Le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, s’est lui aussi voulu optimiste mardi, après un déjeuner avec d’autres élus démocrates, soulignant qu’il existait «une entente générale» sur le besoin de réussir à trouver un accord, qui pourrait survenir dès «cette semaine». «Le rythme s’est accéléré et la volonté d’y arriver est forte», a-t-il assuré à des journalistes. Joe Biden a rencontré deux sénateurs démocrates clés, Joe Manchin et Kyrsten Sinema, dont l’opposition à son plan de près de 3 500 milliards de dollars pour réformer le tissu social américain équivaut à un veto. Car si les démocrates contrôlent le Congrès, leur majorité au Sénat est si fine que toute défection est impossible. Joe Manchin s’est toutefois dit prêt à voter des dépenses sociales de l’ordre de 1 500 milliards de dollars. Le président américain a aussi rencontré des membres de l’aile gauche ainsi que des élus modérés en Pennsylvanie où il a grandi, pour promouvoir ses réformes. Les démocrates progressistes à la Chambre des représentants refusent de leur côté de voter un plan de développement et rénovation des infrastructures de 1 200 milliards de dollars, voulu par la plupart des démocrates et un grand nombre de républicains, sans garantie sur les dépenses sociales. Leur argument : les démocrates du centre, une fois financés les ponts et les routes, seraient trop heureux de renvoyer aux calendes grecques un vote sur le volet social. Si la guerre fratricide continue de faire rage en public dans le camp démocrate, Jen Psaki se montrait confiante. «Nous avons eu des mois pour évaluer, débattre, plaider», a-t-elle souligné. «Bientôt il sera temps d’avancer et d’obtenir des résultats pour le peuple américain». Les démocrates se déchirent ainsi de plus en plus entre eux et ceux de la vieille école, à laquelle appartient Joe Biden, pourraient être débordés par les progressistes forcenés, qui ont contribué à son élection en novembre dernier, mais qui pourraient également le faire trébucher lors des élections de mi-mandat s’ils estiment que l’administration démocrate ne souscrit pas à leur programme.