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dimanche 11 juin 2023

Ceci n’est pas encore une guerre civile

Au quatrième jour des affrontements au Soudan entre l’armée régulière dirigée par Abdel Fattah al-Burhan et les Forces de soutien rapide (les FSP) répondant aux ordres de Mohamed Hamdan Dagalo, il reste toujours difficile de savoir à l’avantage de quel camp sont en train de tourner les combats, à ce qu’il semble confinés dans les mêmes périmètres depuis le début. Tout ce qu’il est possible de dire sans risque de se tromper, c’est que les violences en cours ne ressortent pas à une guerre civile, mais à une lutte pour le pouvoir impliquant deux chefs militaires se trouvant à la tête de deux armées, ce qui pour le moins est anormal dans un seul pays. La cohabitation qui jusqu’au 15 avril avait prévalu entre elles appartient désormais au passé. La communauté internationale ne peut rien y faire, à part multiplier les appels à l’arrêt des combats, parce que soucieuse avant tout de la vie des civils, dont un certain nombre ont déjà perdu la leur, mais qui jusqu’à présent ne prennent aucune part aux combats, ce qui est un bon signe.

La situation changerait évidemment complètement si les affrontements débordaient les zones militaires où ils ont éclaté, et où ils se poursuivent, pour impliquer d’autres lieux et surtout d’autres acteurs, relevant quant à eux de la société civile. Les offres de médiation n’ont pas manqué, sans grand effet pour le moment, d’autant que le Soudan est coupé du monde, les aéroports de Khartoum et de sa périphérie étant des zones de combat, et même des enjeux immédiats. Pour la même raison, l’aide humanitaire ne peut arriver dans le pays, une circonstance dont les effets risquent d’être gravissimes si elle est appelée à se prolonger. Aux dernières nouvelles, le secrétaire d’Etat Antony Blinken, suite à des tirs sur un convoi diplomatique américain dans Khartoum, lesquels n’ont fait aucune victime, a parlé tout à tour à Al-Burhan et à Dagalo, leur demandant an particulier de décréter une trêve de 24 heures, un répit susceptible de calmer les esprits et par suite de favoriser l’amorce de pourparlers. Il n’a pas été entendu, pas plus que ne l’avaient été ceux qui l’avaient précédé dans cette voie. Au début d’une épreuve de force, le mot de guerre ne semblant pas convenir à ce qui se passe actuellement au Soudan, en tout cas pas pour le moment, l’humeur des protagonistes n’est pas à la négociation, mais à l’action et au désir de l’emporter rapidement. Tout au début des affrontements déjà, les deux camps s’étaient en quelque sorte entendus pour dire que ceux-ci n’allaient pas durer, un peu comme s’ils s’en excusaient déjà aux yeux de tout le monde, de leurs propres compatriotes mais aussi de l’étranger. Peut-être que chacun pensait à ce moment pouvoir s’imposer à l’autre dans un court laps de temps, pendant quelques jours tout au plus. Les affrontements commencent seulement, pourtant il a déjà été question de trêve pour permettre l’évacuation des blessés. Bien qu’il y ait déjà des pertes de part et d’autres, en même temps que parmi les civils, notamment dans les quartiers de Khartoum le plus densément peuplés, on ne peut dire qu’il règne dans le pays un climat de violence extrême. Les événements en cours peuvent y mener sans doute, mais ce n’est pas encore le cas. Une trêve comme celle proposée par Blinken n’est pas inenvisageable dans ces conditions, bien qu’il soit un peu tôt pour la voir adoptée dans les heures qui suivent. En revanche, il ne serait pas impossible qu’elle le soit dans les jours qui viennent, eu égard à l’espèce de modération dont font preuve les protagonistes les uns à l’égard des autres, même si les discours échangés eux sont implacables.

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