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lundi 27 mars 2023

Ce soutien qui n’a pas manqué à Kaïs Saïed

L’opposition politique tunisienne, ainsi d’ailleurs que d’autres secteurs de l’opinion, à l’exemple de l’UGTT, auxquels il convient d’ajouter l’Union européenne et les Etats-Unis, ce qui somme toute fait du monde, n’ont cessé de demander depuis le 25 juillet au président Kaïs Saïed la publication d’une feuille de route traçant le chemin du retour à la légalité constitutionnelle pleine et entière. Certes, s’ils se rejoignaient sur cette revendication, ils étaient loin de l’entendre de la même façon. Ainsi, l’idée que s’en faisait l’UGTT n’était nullement celle d’Ennahdha, ni celle d’autres formations politiques ayant eu à pâtir elles aussi des mesures exceptionnelles prises par le président tunisien, notamment la suspension du Parlement. Quant à la pression américaine et européenne, le moins que l’on puisse dire est qu’elle a été légère, pour ne pas dire nulle. A aucun moment elle n’a dépassé le stade du conseil d’ami donné avec le souci de ne froisser personne, ni le président Saïed ni l’opinion publique tunisienne, dont on voyait bien qu’elle ne réagissait pas comme le voudrait la classe politique dans son ensemble, ce qui tout de même voulait dire quelque chose. On l’avait connue plus exigeante, prompte à brandir la menace des sanctions, déjà disposée à les asséner. Rien de tel dans le cas de la Tunisie.

Ni l’Europe ni les Etats-Unis n’ont même voulu reprendre à leur compte la caractérisation de coup d’Etat aussitôt dégainée par Ennahdha et ses alliés, ceux de toujours et ceux de circonstance seulement. Dans la région, le soutien n’a pas manqué au président tunisien, même s’il lui a été apporté sous la forme du rappel du principe de non-ingérence dans les affaires internes des autres. Ce fut notamment le cas de l’Algérie, mais aussi du Maroc et de l’Egypte, quoique dans un style différent suivant la tradition politique propre à chacun de ces pays. Il n’en reste pas moins que c’est de la part de l’Algérie que le soutien a été le plus marqué. La visite d’Abdelmajid Tebboune à Tunis, entamée hier, et devant se terminer aujourd’hui, la veille de la célébration de la révolution de 2011, en est la meilleure preuve. Les deux pays ont toujours été proches, mais toutefois pas au point où ils le sont aujourd’hui, peut-être seulement parce que leurs présidents sont faits pour s’entendre. Les Etats-Unis n’ont pas été en reste qui ont fait savoir qu’ils se félicitaient de la feuille de route que le président Saïd s’est finalement résolu à publier. Ils avaient des réserves, ils ne les ont plus, ayant été entendus sur un point important à leurs yeux. Rarement on aura vu un président suspendre la Constitution en vigueur dans son pays, et n’être en butte à rien de la part de la communauté internationale. Non seulement il ne s’exerce aucune pression sur lui, mais de toutes parts on fait preuve de compréhension à son égard, on l’encourage à sortir de l’état d’exception. L’ancien président tunisien Moncef Marzouki s’était expliqué le bon accueil fait par les pays de la région à ce qui pour lui est un coup d’Etat caractérisé par leur intérêt commun à mettre fin au «Printemps arabe» en liquidant la «révolution tunisienne», la seule qui ait réussi. Même si on le lui concède, il reste un point dont son analyse ne rend pas compte : la non condamnation tout au moins de l’Europe et des Etats-Unis, des démocraties donc, de ce coup d’Etat. Y trouveraient-elles elles aussi leur compte ? Voilà un point où il serait intéressant de l’entendre.

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