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mardi 16 avril 2024

Ce que disent les sondages à la veille du 1er tour de la présidentielle française

Il y a cinq ans, à la veille immédiate du premier tour de la présidentielle française, les sondages, comme ceux d’aujourd’hui à moins d’une semaine maintenant du premier tour de l’élection de cette année, donnaient Emmanuel Macron en tête suivi de Marine Le Pen, mais avec une avance moins importante que celle qu’ils lui accordent aujourd’hui. Il s’en est même trouvé un effectué tout juste avant le scrutin qui avait donné l’avantage à la candidate d’extrême droite. Finalement, Macron l’avait emporté mais pas de beaucoup. Il devenait président dès ce moment. On raconte d’ailleurs qu’il avait fêté sa victoire sans même attendre la tenue du deuxième tour. C’est qu’il y a cinq ans encore, tout candidat accédant aux côtés de la représentante de l’extrême droite au deuxième tour était assuré de l’emporter sur elle. Si d’aventure ç’avait été un autre que lui pour faire face à Le Pen au deuxième tour (un Jean-Luc Mélenchon par exemple, arrivé troisième avec plus de 18%, un score qu’il peut renouveler le 10 avril prochain, et même améliorer), cet autre lui aussi aurait pu fêter à l’avance sa victoire.

L’élection présidentielle en France, conçue à l’origine pour se jouer en deux tours, était devenue, du fait de la montée en puissance de l’extrême droite, un phénomène prenant au dépourvu les institutions en place, une élection à un tour. Plus troublant encore, le candidat élu n’a même plus besoin de gagner le premier tour, il lui suffit de ne pas être éliminé, de pouvoir se présenter devant le ou la candidate d’extrême droite. C’est d’ailleurs ce qui avait failli se passer en 2017, l’avance du vainqueur ayant été faible alors. Les sondages d’aujourd’hui donnent au président sortant une avance plus marquée que ceux d’il y a cinq ans. Pour autant, ils ne lui garantiraient pas la victoire quand bien même ils seraient entérinés tels quels par le scrutin du 10 avril. Pas plus qu’ils ne la lui garantiraient si les résultats étaient encore meilleurs, si son avance était plus grande que dont il est réellement crédité dans les sondages. En cinq ans donc quelque chose qui avait commencé bien avant a fait un progrès tel que ce qui était acquis dans le passé ne l’est plus aujourd’hui. En 2022, pour fêter sa victoire, Macron, à supposer qu’il passe l’obstacle du premier tour, devra attendre l’annonce officielle des résultats. De fait, les sondages relatifs au deuxième tour réalisés avant la tenue du premier tour sont bien plus serrés que leurs correspondants de 2017. Ceux de 2017 donnaient une légère avance à Macron au premier tour, mais une grande au deuxième. Ceux d’aujourd’hui font l’inverse : ils lui accordent une avance plus importante au premier tour, mais une de bien plus petite au deuxième. Entre-temps s’est affaibli ce qui justement lui garantissait la victoire finale, y compris dans le cas où il serait arrivé en deuxième position au premier tour : le front républicain. Cet affaiblissement constitue la preuve qu’un procès de fascisation est à l’œuvre en France, qui n’a cessé de se développer depuis ses premières manifestations, remontant quant à elles à au moins deux décennies. De ce qu’il reste du front républicain dépendra l’issue du deuxième tour. S’il est encore vivant en dépit de son recul, il pourra peut-être encore faire barrage à l’extrême droite. S’il est mort, c’en sera fini de la 5e République, car c’est la candidate d’extrême droite qui sera élue.

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