Le ministre de la Communication a, encore une fois et à chaque occasion qui lui laisse l’opportunité de le dire, mis en garde contre la cyberguerre qui cible l’Algérie à l’instigation de parties étrangères. «Elle n’est pas une vue de l’esprit, ni un recours ringard à l’ennemi extérieur», a-t-il affirmé.
Par Louisa Ait Ramdane
Dans un entretien à «Echourouk El-Yaoumi», le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer, a indiqué que «ce contre quoi nous mettons en garde n’est ni une vue de l’esprit, ni un recours ringard à l’ennemi extérieur pour dissuader je ne sais quel pseudo-démocrate de manifester, ce droit étant consacré par la Constitution et encadré par la loi».
Pour le porte-parole du gouvernement, le cyberespace est «au centre de toutes les convoitises pour son contrôle pour une première raison : l’attrait qu’il suscite parmi les populations, notamment les plus jeunes». En 2020, Internet abritait près de
60 % de la population mondiale, soit 4,5 milliards de personnes parmi lesquelles 3,8 milliards disposent de comptes sur les réseaux sociaux, a-t-il fait savoir. A lui seul, Facebook enregistre plus de 100 milliards de contenus chaque jour, un déluge que ni ses algorithmes, ni sa petite armée de moniteurs humains ne peuvent contenir de manière réaliste.
C’est la plus grande entreprise des médias de l’histoire du monde, un éditeur et un diffuseur à la fois, avec environ 2,6 milliards d’utilisateurs réguliers et des milliards d’autres sur ses autres dépendances WhatsApp et Instagram, a affirmé Belhimer. «Les démocraties sont toutes confrontées à leur dépendance de technologies de communication numériques qui autorisent la formation d’une zone de liberté d’expression mondiale d’une taille illimitée, combinée à une irresponsabilité algorithmique de volumes massifs de désinformation qui se propagent avec une facilité sans précédent», a relevé le ministre, soulignant que «les médias, les dirigeants politiques, les universitaires et le grand public omettent souvent de mettre en perspective historique la spirale infernale des informations quotidiennes, ayant plutôt tendance à se concentrer sur les derniers événements et crises».
Le ministre de la Communication a souligné, dans ce cadre, que la Constitution de 2020 a repris deux catégories de droit dans son article 47 dans les termes suivants : «Toute personne a droit à la protection de sa vie privée et de son honneur. Toute personne a droit au secret de sa correspondance et de ses communications privées, sous toutes leurs formes». Le même article 47 insère deux nouveaux alinéas, le 3 et le 4, pour énoncer: «La protection des personnes dans le traitement des données à caractère personnel est un droit fondamental».
Pour Belhimer, la vie privée est circonscrite à trois éléments de la personnalité : «Le respect des comportements, de l’anonymat et de la vie relationnelle», se disant favorable à «un renforcement de leur protection par l’édiction des peines les plus lourdes, quel que soit le mobile ou le statut social de l’agresseur». «C’est d’autant plus nécessaire que le phénomène n’épargne personne et prend des proportions alarmantes», a-t-il déploré.
Répondant à une question concernant l’implication de l’entité sioniste dans la guerre électronique, Belhimer dira que «les recherches militaires et leurs applications civiles israéliennes alimentent généreusement, mais chèrement, les entreprises qui opèrent dans le cyberespace». «Certaines des technologies les plus secrètes produites par les développeurs israéliens restent beaucoup plus proches de leur format militaire original», a-t-il expliqué. Plus précis, il cite le cas d’«un logiciel offensant, vendu à la fois aux pays qui souhaitent espionner leurs propres citoyens ou à des Etats rivaux, et à des sociétés privées qui espèrent gagner un avantage sur leurs concurrents ou mieux exploiter et manipuler commercialement leurs clients».
L. A. R.