Il y a un an et demi la justice française prononçait la dissolution du Collectif Contre l’Islamophobie en France (CCIF). Elle faisait de même avec l’association islamiste BarakaCity, accusant ses deux organisations de perpétrer le séparatisme dénoncé par le président Emmanuel Macron lors de son discours des Mureaux le 2 octobre 2020. Mais le CCIF plutôt que de disparaitre à choisit de renaitre en Belgique où il se présente débromais comme le Collectif Contre l’Islamophobie en Europe (CCIE) et d’où il veut à toute force peser sur la politique française, notamment pour combattre politiquement le parti présidentiel. Le collectif entend notamment influer sur les élections législatives de juin prochain en alertant les candidats sur une « normalisation des discours stigmatisants » à l’encontre des musulmans. Sur la page d’accueil de son site internet, le CCIE ainsi propose désormais de remplir un rapide formulaire pour « interpeller les élus et les candidats » à l’occasion des élections législatives françaises. Une méthode de lobbying somme toute assez habituelle : des formulaires comme celui-ci, il en existe un nombre incalculable, et les boîtes mail des députés sont inondées depuis longtemps déjà de ce genre de courriels envoyés automatiquement en grande quantité. Toutefois, ce qui interpelle dans ce cas-ci est que le collectif n’est plus n’existe (théoriquement) plus en France. C’est donc ce CCIE qui propose, désormais, aux électeurs français de continuer à promouvoir auprès des futurs députés la thèse selon laquelle la France est en proie à une dérive islamophobe. La loi « confortant les principes républicains » votée l’an passé serait « une loi d’extrême droite » car elle « porte atteinte aux libertés fondamentales » et constituerait « l’aboutissement de politiques successives qui ont construit les musulmans comme un problème de société ». L’internaute peut ainsi choisir en ligne sa circonscription sur la carte puis envoyer aux candidats aux élections législatives un courrier signé de son nom, dans lequel il dénonce « une normalisation des discours stigmatisants et un dévoiement du principe de laïcité », ceci « en tant que citoyen.ne fortement attaché.e à une République respectueuse de la diversité de ses citoyens », sans qu’il soit fait nulle part mention, dans le courrier, de l’affiliation idéologique du CCIE qui en est le rédacteur, et dont la proximité idéologique avec les Frères musulmans a été maintes fois démontrée. Les députés destinataires de ce courrier sont priés d’y répondre et de clarifier leurs positions au sujet de l’usage qui est fait du principe de laïcité pour freiner l’essor de l’islamisme en France. Le CCIE demande à ses sympathisants de lui adresser cette réponse, pour collecter des renseignements sur les positions des candidats. Le tout est présenté dans une vidéo, postée le 19 mai, dans laquelle le Collectif décrit une classe politique haineuse à l’égard des musulmans et prête à voter contre eux des lois iniques. Reste à voir si les candidats de l’élection à venir seront sensibles à ces messages ou si l’influence de l’organisation s’est étiolée après sa dissolution en France, même si désormais elle pèse toujours au niveau européen. Le CCIE refait toutefois beaucoup parler de lui en France ces dernières semaines à l’occasion de la polémique autour du burkini. Serait-ce assez pour convaincre les électeurs et les candidats de soutenir leur cause, rien n’est moins sûr.