Les partisans de Lula qui rêvaient d’une victoire éclatante au premier tour des élections présidentielles, s’ils sont déçus peuvent toutefois se consoler en constatant que leur candidat est arrivé premier devant le président sortant, Jair Bolsonara. En effet, l’ancien président de gauche Lula est arrivé en tête du premier tour de la présidentielle dimanche au Brésil, mais son opposant Jair Bolsonaro a mieux résisté que prévu et un second tour aura lieu pour les départager. Luiz Inacio Lula da Silva, icône de la gauche brésilienne, a remporté 48,4 % des voix, devant le président sortant d’extrême droite, à 43,2 %, a annoncé en soirée le Tribunal supérieur électoral (TSE), sur la base du dépouillement de 97,69 % des bureaux de vote. Cette courte victoire est décevante pour Lula, auquel les sondages promettaient une large avance, voire un triomphe dès le premier tour, qu’il souhaitait célébrer sur la grande avenue Paulista de São Paulo. Il devra affronter son ennemi juré lors d’un second tour, prévu par la loi électorale le 30 octobre. Le président Bolsonaro a bien mieux résisté que prévu, alors que les sondages le disaient traînant loin derrière Lula dans les intentions de vote (36 % contre 50 %). Pour le dirigeant populiste, qui a échappé à une défaite humiliante au premier tour, ces quatre semaines peuvent être l’occasion de galvaniser ses troupes dans les rues et de trouver un nouvel élan. Un second tour signifie encore un mois d’une campagne délétère qui a lassé des millions de Brésiliens depuis le mois d’août. «Nous avons vaincu les mensonges des sondages», a déclaré le président d’extrême droite, qui s’est dit optimiste à
l’idée de «jouer la deuxième mi-temps» de la présidentielle. Pourtant, ces derniers mois, les candidats ont surtout échangé beaucoup d’insultes personnelles et présenté peu de projets pour l’avenir du Brésil, un pays très fracturé, aux défis immenses. Toute la journée, les Brésiliens s’étaient pressés en masse pour choisir leur président, mais aussi les députés, un tiers des sénateurs et les gouverneurs des 27 États, avec de longues files d’attente. Le scrutin, auquel 156 millions d’électeurs avaient été appelés, s’est apparemment déroulé sans violences dans le plus grand pays d’Amérique latine. Deux incertitudes pesaient sur cette journée électorale : Lula pourrait-il être élu à un troisième mandat de président dès le premier tour ? Bolsonaro contesterait-il le résultat, comme il avait menacé de le faire depuis des mois ? «Si les élections sont propres, aucun problème. Que le meilleur gagne !», a déclaré le président Bolsonaro, 67 ans, en votant en matinée à Rio de Janeiro. Agacé par les questions insistantes de la presse, Bolsonaro, vêtu du maillot jaune et vert de l’équipe nationale de football sous lequel il portait un gilet pare-balles, n’avait pas voulu dire clairement s’il reconnaîtrait le résultat. Mais ce dernier peut déjà se targuer de ne pas avoir reçu la déculottée que lui promettaient de nombreux médias, surtout étrangers, qui assuraient que les électeurs le feraient sortir par la petite porte de l’histoire brésilienne. Car non seulement Lula n’a pas gagné dès le premier tour, mais il se fait talonner par le président sortant qui a encore un mois devant lui pour tenter d’inverser les tendances et prendre le dessus. Reste à attendre le mois prochain pour voir auquel de ces deux hommes ils confieront les clés du pays.