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mardi 6 juin 2023

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Pour beaucoup d’observateurs politiques, de nombreuses décisions, réformes et lois, prises sous le mandat d’Emmanuel Macron, le premier président de la Ve République à n’être ni de droite ni de gauche, tendent vers un clair rapprochement avec la droite qu’il veut courtiser dans la perspective d’une éventuelle candidature pour la présidentielle de 2022. Surtout qu’à l’heure d’aujourd’hui aucun candidat potentiel chez Les Républicains (LR) ne suscite un enthousiasme suffisant pour une possible victoire au prochain scrutin présidentiel. Mais surtout Macron a un atout dans sa manche en la personne de Nicolas Sarkozy, avec lequel il a noué une relation particulière depuis son arrivée au pouvoir. Les deux hommes, qui depuis trois ans nourrissent des relations complexes, entre attirance réciproque, tactique, méfiance et intérêts bien compris, se sont longuement parlé, après la condamnation de l’ancien président à trois ans de prison, dont un ferme, dans l’affaire des écoutes. Interrogé sur un possible soutien à Macron à la présidentielle, Sarkozy élude, refuse pour l’heure de «soutenir un candidat plutôt qu’un autre», promet qu’il se prononcera le moment venu. Mais il laisse ainsi ouvert le champ des possibilités. Le fondateur des Républicains acte de cette façon explicitement que son choix ne se limitera pas aux seuls prétendants de sa famille politique, LR ou ex-LR. Un coup dur à droite pour ceux qui rêvent de lui succéder à l’Élysée, de Xavier Bertrand à Valérie Pécresse en passant par Bruno Retailleau. «Le soutien à Macron fait partie de ses hypothèses, très clairement, confirme un poids lourd LR. Il n’écarte rien». Ce scénario, Nicolas Sarkozy l’a évoqué devant plusieurs de ses interlocuteurs. «Il considère que Macron est en grand danger et que, avec la crise économique et sociale qui vient, même sa qualification au second tour est aléatoire», précise cet élu. Dans ce cas, «si Macron veut se sauver, il faudra qu’il se détermine», a lâché Sarkozy devant un de ses visiteurs. Comprendre : qu’il propose de bâtir une coalition LR-LREM avant le premier tour de la présidentielle, avec, à nouveau, un Premier ministre de droite à Matignon. Surtout Sarkozy ne pense pas qu’actuellement la droite soit capable de présenter un candidat solide. Si l’ex-président n’exclut pas d’adouber, le jour venu, un champion de droite, il doute de la capacité de l’un d’eux à s’imposer. «Parmi les candidats possibles, il n’y en a aucun qu’il respecte vraiment, qui soit proche de lui, souligne un de ses proches. Au fond, il n’a peut-être pas envie que quelqu’un à droite lui succède…». Lors d’un tête-à-tête avec le président de la Région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, en janvier, Sarkozy a d’ailleurs fixé la barre à atteindre pour incarner à ses yeux une option crédible :
18 % d’intentions de vote à l’automne. Ainsi, faute de candidat crédible à droite, l’ex-président pourrait se tourner vers Emmanuel Macron. D’ailleurs, l’alliance entre la droite et la Macronie a déjà ses partisans au sein de LR, dont le maire de Nice, Christian Estrosi. Celui-ci avait plaidé en septembre pour «un accord avec Macron afin qu’il soit notre candidat commun à la présidentielle». L’idée avait provoqué un tollé. Puis le maire LR de Toulon, Hubert Falco, s’y était rallié à son tour. Si la droite reste encalminée dans les sondages à la fin de l’année, cette proposition gagnerait vite de nouveaux soutiens. Rien de nouveau, toutefois, puisqu’en 2017 des dizaines d’élus et responsables de droite avaient déjà décidé de rejoindre Macron. Reste à voir si Sarkozy sautera le pas et choisira une personnalité hors de sa famille politique, ou s’il restera fidèle à son camp jusqu’au bout, quitte à se résigner à soutenir un candidat qui pourrait manquer la marche du second tour de la présidentielle.

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