La prise de conscience quant à la dangerosité du variant Delta du coronavirus semble se généraliser en Kabylie après les dizaines de pertes humaines enregistrées depuis plus de deux semaines à travers les hôpitaux débordés de malades et un corps médical fortement dépassé. Cette situation, aggravée par le manque d’oxygène, a suscité un vaste élan de solidarité et de mobilisation citoyenne pour surmonter l’épreuve par l’acquisition de centrales et de concentrateurs d’oxygène. L’esprit de responsabilité chez les élus et les comités de villages a suscité l’adhésion des populations à Tizi Ouzou, même quand il s’est agi du durcissement des mesures préventives contre la propagation du coronavirus. Après l’élargissement des heures de confinement dans plusieurs localités devenues des foyers de recrudescence des contaminations au Covid-19, des comités de villages et des maires ont décidé de passer à la vitesse supérieure dans la course engagée contre ce virus. Briser la chaîne de contamination est l’objectif voire l’urgence de l’heure en prêtant attentivement l’oreille aux professionnels de la santé. En effet, même si les moyens matériels seront disponibles pour faire ralentir les contaminations, les moyens humains feront défaut pour continuer à recevoir un flux important de malades atteints de Covid-19. Les plus conscients de cet enjeu sanitaire ont alors décidé de durcir et d’élargir les mesures préventives, telles que l’interdiction des visites dans les villages ou encore la fermeture de certains espaces susceptibles de constituer des foyers de contamination. A ce titre, le comité du village Ait Aicha, dans la commune d’Idjeur, a instauré hier l’interdiction de visites à leur villages, quel qu’en soit le motif. Le maire de Boudjima, quant à lui, a décidé de fermer les mosquées pour une période d’au moins 15 jours. D’autres actions dans le même objectif ont été entreprises dans d’autres localités de la wilaya de Tizi Ouzou, d’autant plus que l’on continue à organiser des mariages et autres cérémonies ou encore se regrouper lors des obsèques et se rendre même à la plage. Par ailleurs, il est à noter que jusqu’à hier pas moins de 18 centrales de production d’oxygène ont été comptabilisées dans le cadre des opérations de solidarité lancées par des associations ayant suscité l’adhésion des opérateurs économiques et autres donateurs à Tizi Ouzou et en dehors de la wilaya. Il s’agit notamment du financement de plusieurs centrales au profit des hôpitaux d’Azeffoune, Larbaa Nath Irathen, Azazga, Tigzirt et Draa El Mizan, par le propriétaire de la Laiterie Soumam d’Akbou (Béjaia). Cette opération de solidarité jamais égalée doit interpeller les autorités pour l’accompagnement à travers l’accélération de leur importation et la facilitation de leur dédouanement afin de réduire les délais d’acquisition qui restent longs. La seule centrale, après celle d’Azeffoune, qui pourrait être opérationnelle ces jours-ci est celle acquise par des bienfaiteurs au profit de l’hôpital de Boghni. A signaler que devant toute cette dynamique citoyenne, l’autorité sanitaire de la wilaya a rompu hier le silence par la voix de son représentant, Dr Ameyar Chérif, qui a fait état de la tendance à la hausse des contaminations (plus de 1 000 hospitalisés) jusqu’à dépasser les capacités des structures sanitaires de la wilaya nécessitant la réquisition d’autres structures dans certaines localités. Il s’exprimait sur les ondes de la radio locale.
Hamid Messir