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vendredi 19 avril 2024

Brexit

Durant plusieurs décennies, l’on a pu entendre les partisans du divorce du Royaume-Uni avec l’Union européenne dérouler leurs arguments, trouvant au fil du temps de plus en plus d’écho jusqu’à finalement réussir à remporter l’adhésion populaire en 2016, à la suite d’un référendum historique signant le Brexit. Aujourd’hui, il semblerait que le mouvement inverse se mette doucement en mouvement alors que des voix commencent à envisager un retour de Londres à Bruxelles. Dans un entretien accordé à plusieurs agences de presse européennes, l’ancien Premier ministre britannique, Tony Blair, farouche adversaire du Brexit, pose les jalons de la fin du Brexit même s’il estime que pour l’heure la priorité est d’organiser la coopération avec l’UE. Un retour du Royaume-Uni dans l’Union européenne n’est pas envisageable avant de nombreuses années, a jugé l’ex-Premier ministre. «La question de savoir si et comment le Royaume-Uni revient dans l’UE appartient à une future génération. Je pense que c’est la réalité». L’ancien dirigeant travailliste de 69 ans s’était fermement opposé au Brexit, faisant notamment campagne en Irlande du Nord pour prévenir des conséquences d’une sortie de l’UE sur la paix dans la province. «Je pense qu’actuellement le débat au Royaume-Uni est plutôt de savoir à quel point nous voulons reconstruire une relation forte avec l’Europe, ce que nous devrions faire selon moi, et j’espère que le Labour le pense aussi», a estimé Tony Blair. «Je pense qu’il y a beaucoup de choses que nous pouvons faire ensemble», a-t-il ajouté. Selon lui, le Royaume-Uni et l’UE ont beaucoup de sujets à traiter en commun, comme l’énergie et le climat, la recherche ou encore la défense et la sécurité après l’invasion russe de l’Ukraine. «Je pense qu’il est très important d’essayer de coopérer en matière de technologie, ajoute-t-il, sinon l’Europe, dont le Royaume-Uni fait partie, va être écrasée entre les deux géants technologiques que sont les États-Unis et la Chine, et peut-être même par un troisième, l’Inde». «La tâche immédiate est de régler les problèmes du Brexit, car les dégâts sont manifestes», insiste aussi Tony Blair, évoquant la déception des Britanniques face aux difficultés économiques, à l’immigration illégale ou encore aux problèmes du système public de santé, que les «Brexiters» avaient promis de résoudre grâce au Brexit. Après les tensions entre l’UE et le Royaume-Uni sous Boris Johnson, tenant d’une ligne dure sur le Brexit, puis après l’éphémère Premier ministre Liz Truss, l’actuel locataire de Downing Street, Rishi Sunak, semble vouloir une relation plus apaisée avec l’UE. Il a récemment conclu un accord avec Bruxelles pour aménager les règles commerciales post-Brexit en Irlande du Nord, ainsi qu’un nouvel accord avec la France pour lutter contre l’immigration clandestine. L’opposition travailliste, largement en tête dans les sondages à moins de deux ans des prochaines élections législatives, ne remet pas en cause la sortie de l’UE, son chef, Keir Starmer, promettant de «faire fonctionner le Brexit» s’il parvient au pouvoir. «Je crois qu’il y a une ambivalence chez beaucoup de gens au Royaume-Uni sur le Brexit. Même si je pense que les gens voient bien les problèmes, ils ne veulent pas revenir aux divisions créées par ce débat», explique Tony Blair. «Donc je comprends tout à fait la position du Labour». Pourtant, si le Brexit n’a pas réglé les problèmes que ses promoteurs avaient promis de régler ces quatre dernières années, c’est aussi parce que des maux dont les racines sont aussi profondes ne vont pas se résoudre en aussi peu de temps et qu’il faudra attendre quelques années pour pouvoir poser un premier bilan crédible quant à l’efficience ou non du divorce de Londres et de Bruxelles.

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