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dimanche 26 mars 2023

Brésil, le choc des titans

Demain 2 octobre, ce sont au Brésil pas moins de 5 scrutins qui vont se tenir en même temps, les uns de portée nationale, ainsi de la présidentielle,  des législatives et du renouvellement partiel du Sénat, et les autres d’intérêt local, comme celui des gouverneurs et des assemblées régionales. En temps ordinaire déjà, la présidentielle concentre l’attention de tout le monde, au Brésil même mais davantage encore à l’étranger, où naturellement on a du mal à  se reconnaître dans le débat politique sur des questions purement internes. Mais cela est encore plus vrai pour celle de demain, et d’abord en raison des deux personnalités clivantes qui vont s’’affronter, que sont le président sortant Jair Bolsonaro, dont on peur dire que depuis son élection inattendue en 2018  il a fait davantage parler de lui que gouverner son pays, et le leader du Parti travailleur, Lula da Silva, déjà deux fois président, et qui revient d’assez loin, puisqu’il était en prison, où il avait passé plusieurs mois, avant d’en sortir blanchi des accusations de corruption portées contre lui par ses adversaires politiques. Ce duel, plutôt ce choc des titans, comme on aime dire dans les médias, aurait eu lieu en 2018, si Da Silva avait pu y prendre part. Bien que la société brésilienne passe par une phase de polarisation aiguë, elle déjà réputée pour sa violence ordinaire et parfois politique, on ne peut dire qu’elle soit aujourd’hui coupée en deux parties comparables. Ce serait le cas si les chances de l’emporter des deux candidats se balançaient assez bien. Or tel n’est pas le cas, l’avance de Lula dans les sondages étant telle qu’elle laisse en fait peu de chance à Bolsonaro de le rattraper, ni même d’ailleurs de s’en approcher d’assez près pour laisser penser qu’il pourrait  éventuellement prendre les devants. Reste que l’élection n’est pas à un tour, mais à deux, si bien qu’il suffit au président sortant de ne pas perdre dès le premier pour garder ses chances intactes  pour le deuxième, prévu quant à lui à la fin du mois d’octobre.  Il existe une autre incertitude, et elle ne tient pas au mode électoral mais bien à la personnalité pour ainsi dire trumpiste de Bolsonaro, qui d’une part affecte de manquer de confiance dans le scrutin électronique brésilien, pourtant en vigueur depuis longtemps, dont la fiabilité n’a jamais été en cause, et de l’autre y va de déclarations entretenant le flou sur l’attitude qui sera la sienne si au bout du compte il  est perdant. On ne sait trop d’ailleurs comment le prendre, lui-même ayant dit une chose et son contraire à cet égard. Bolsonaro est un nostalgique de la dictature militaire, dans laquelle il voit  le meilleur des régimes. Son colistier est un militaire à la retraite, parmi les plus gradés de sa génération. Qui plus est, pendant sa présidence, bien des postes importants ont été confiés à des militaires. Autre trait de son mandat, assez en harmonie avec le précédent : la libéralisation du port d’arme, qui a beaucoup progressé, le nombre des permis délivrés ayant été multiplié par six. Un peuple armé, lui est-il arrivé de dire dans ses meetings de campagne, ne se laissera jamais asservir. Tout cela laisse craindre une imitation plus ou moins réussie  de l’envahissement du Capitole américain par les partisans de Trump, un certain 6 janvier 2021, même si Etats-Unis et Brésil, ce n’est pas exactement la même chose.

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