Au troisième jour de l’invasion menée par le président russe Vladimir Poutine, Kiev était hier matin sous les tirs de missiles de Moscou et des combats se déroulaient dans la ville, où le président ukrainien a appelé les siens à prendre les armes contre l’invasion russe qui a fait, selon l’Ukraine, près de 200 morts civils. Il a assuré que des armes occidentales sont en route pour soutenir les Ukrainiens et juré qu’il resterait dans la capitale.
Par Meriem Benchaouia
Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a assuré, hier, qu’il était toujours à Kiev et qu’il n’avait pas fui. «Nous sommes tous là. Nos troupes sont ici (…) Nous défendons notre indépendance, notre Etat. Et cela va continuer», a-t-il déclaré dans la vidéo, où lui et d’autres responsables du gouvernement se trouvaient devant le bâtiment du Parlement, à Kiev. Certaines informations affirmaient qu’il avait pris la fuite. Volodymyr Zelensky a assuré par ailleurs avoir «cassé le plan» de la Russie au troisième jour de l’opération militaire russe dans son pays, appelant les Russes à dire à Vladimir Poutine d’arrêter la guerre. «Nous avons tenu bon et repoussons avec succès les attaques ennemies. Les combats continuent dans de nombreuses villes et régions du pays, mais (…) c’est notre armée qui contrôle Kiev et les villes clés autour de la capitale», a dit M. Zelensky dans une vidéo sur Facebook. En outre, le président ukrainien a estimé que l’armée russe allait tenter d’attaquer et de s’emparer de Kiev dans la nuit de samedi. «Nous ne pouvons pas perdre la capitale. Je m’adresse à nos défenseurs, hommes et femmes de tous les fronts : cette nuit, l’ennemi va utiliser toutes ses forces pour briser nos défenses de la façon la plus vile, dure et inhumaine. Cette nuit, ils vont tenter de s’emparer de Kiev», a-t-il affirmé dans une adresse vidéo publiée sur le site de la présidence.
La Russie frappe l’Ukraine avec des missiles de croisière navals et aériens
La Russie a annoncé, hier, avoir visé des infrastructures militaires ukrainiennes avec des missiles de croisière navals et aériens, au troisième jour de l’invasion russe de l’Ukraine. «Pendant la nuit, les forces armées de la Fédération de Russie ont frappé des sites d’infrastructure militaire ukrainienne avec des armes de haute précision de longue portée, en utilisant des missiles de croisière navals et aériens», a déclaré le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov, lors d’une intervention télévisée. Il a également affirmé que dans l’Est du pays, où la Russie appuie les forces séparatistes des territoires de Donetsk et Lougansk, ces dernières ont fait des avancées, sans que celles-ci ne soit vérifiables de source indépendante. L’armée russe a aussi pris «le contrôle total de la ville de Melitopol», dans le sud de l’Ukraine, non loin de la Crimée, péninsule annexée par la Russie en 2014, a-t-il ajouté. Selon lui, au total, les forces russes affirment avoir détruit 821 infrastructures militaires, dont 14 aérodromes.
L’ONU nomme un coordinateur de crise pour l’Ukraine
Le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a nommé le Soudanais Amin Awad, en tant que Coordonnateur de crise des Nations unies pour l’Ukraine, où une opération militaire russe est en cours. Le SG de l’ONU a fait cette annonce devant la presse, à New York, à l’issue d’une réunion du Conseil de sécurité pour voter un projet de résolution sur l’offensive russe en Ukraine. La résolution a buté sur le véto russe. Le responsable onusien a précisé que M. Awad dirigera la coordination de tous les efforts de l’ONU en Ukraine, y compris la réponse humanitaire des deux côtés de la ligne de contact. M. Awad a occupé divers postes de direction au sein du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), notamment en tant que directeur du Bureau pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord et directeur de la Division des urgences, de la sécurité et de l’approvisionnement. «Au moins 100 000 Ukrainiens auraient déjà fui leur foyer et nombre d’entre eux ont traversé les pays voisins, ce qui souligne le caractère régional de cette crise croissante», a déploré M. Guterres, soulignant que toutes les parties concernées «doivent respecter le droit international humanitaire et garantir la sécurité et la liberté de mouvement du personnel de l’ONU et des autres humanitaires». Le chef de l’ONU a, par ailleurs, appelé à donner une «nouvelle chance» à la paix, soulignant que les soldats doivent retourner à leurs casernes. Il a, dans ce cadre, exhorté les parties au conflit à recourir au dialogue pour résoudre la crise : «Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que les valeurs de paix, de sécurité, de développement, de justice, du droit international et des droits de l’homme prévalent en Ukraine».
Kiev durcit le couvre-feu, toute personne dans la rue après 17h00 traitée en ennemi
Le maire de la capitale ukrainienne a annoncé hier un durcissement du couvre-feu en place, en raison de l’opération militaire russe, avertissant que toute personne se trouvant dans la rue entre 17h00 et 08h00 serait traitée en ennemi. «Tous les civils qui seront dans la rue pendant le couvre-feu seront considérés comme des membres des groupes de sabotage et de reconnaissance de l’ennemi», a indiqué Vitali Klitschko sur Telegram. Imposé à Kiev jeudi après le déclenchement de l’opération russe, le couvre-feu durait jusqu’ici de 22h00 à 07h00. M. Klitschko a également annoncé que le métro de la capitale était désormais transformé en refuge pour les habitants et n’allait plus pour l’instant assurer le service de transport. «Le métro est passé en mode refuge», a-t-il écrit dans un message séparé sur Telegram.
Le Kremlin accuse l’Ukraine d’avoir fait capoter une trêve en refusant des négociations
Le Kremlin a accusé hier l’Ukraine, au troisième jour de l’opération militaire russe dans le pays, d’avoir fait capoter une trêve en refusant des négociations. «Hier dans la journée (vendredi), s’attendant à des négociations, le président russe a ordonné l’arrêt de l’avancée de l’essentiel des forces de Moscou», a affirmé le porte-parole de la Présidence russe, Dmitri Peskov. «Etant donné que la partie ukrainienne a refusé les négociations, l’avancée des forces russes a repris aujourd’hui», a-t-il ajouté. La Russie avait indiqué vendredi avoir proposé des pourparlers à Minsk, capitale du Bélarus. Interrogé sur les sanctions qui se multiplient, M. Peskov les a jugées «prévisibles» et assuré que des «mesures sont en train d’être prises pour minimiser leur effet pour tous les secteurs de l’économie». «Puis, il faudra développer les mesures de représailles», a-t-il conclu.
M. B.