Si le second mandat de George W. Bush et l’entière présidence de Barack Obama ont été marqués par leur antagonisme totale vis-à-vis de la Russie, depuis 2016 c’est au tour de la Chine d’être dans le viseur des Américains. Et si l’ambiance entre Washington et Pékin avait commencé à se refroidir dès 2014, c’est bien l’arrivée de Donald Trump à la tête des USA qui va faire basculer les relations entre les deux puissances. Aujourd’hui, les Américains ont franchi un nouveau palier en décidant de ne pas envoyer de délégation officielle aux Jeux Olympiques d’hiver de 2022 à Pékin, en signe de protestation contre le «génocide et les crimes contre l’humanité en cours au Xinjiang». «La présence d’une représentation officielle des États-Unis signifierait que ces jeux sont un évènement normal», a expliqué la porte-parole de la Maison-Blanche, Jen Psaki. «Au regard des violations flagrantes des droits de l’homme et aux atrocités commises par la République populaire de Chine au Xinjiang, nous ne pouvons tout simplement pas faire cela». «Nous avons un engagement fondamental à promouvoir les droits de l’homme», a-t-elle ajouté. «Nous sommes fermes sur notre position et nous continuerons à prendre des mesures pour faire progresser les droits de l’homme en Chine et ailleurs». Mais ce boycott ne sera pas total. Si aucun représentant du gouvernement américain ne sera présent, les athlètes américains seront en revanche autorisés à participer aux Jeux. Psaki a expliqué qu’il n’aurait pas été «juste» de pénaliser des sportifs qui s’entraînent depuis des années. La dernière fois que les États-Unis avaient eu recours à une telle mesure remonte à 1980, quand le président Jimmy Carter avait décidé de boycotter entièrement les Jeux olympiques de Moscou, pour protester contre l’invasion soviétique de l’Afghanistan l’année précédente. Au début de l’année, l’administration américaine avait annoncé qu’elle bloquait l’importation de certains matériaux utilisés dans la fabrication de panneaux solaires par des entreprises chinoises en raison d’allégations de travail forcé dans le Xinjiang. Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, a accusé les politiciens américains de faire de la démagogie et qualifié le boycott de «provocation politique pure et simple». Il a promis que la Chine «prendra des contre-mesures fermes». Le Comité international olympique a, lui, dit «respecter» la décision américaine et s’est réjoui que la décision «politique» de Washington ne remette pas en cause la participation des sportifs américains. «La présence de responsables gouvernementaux et de diplomates est une décision purement politique pour chaque gouvernement, que le CIO, dans sa neutralité politique, respecte pleinement», a précisé un porte-parole de l’instance olympique, interrogé par l’AFP. De son côté, le Comité olympique américain est opposé à un boycott total après des mois de pandémie. Joe Biden organise cette semaine un sommet virtuel pour la démocratie, qui doit réunir des dirigeants et experts de la société civile de plus de 100 pays. Le président américain a l’intention de profiter de ce rassemblement «pour annoncer des engagements, des réformes et des initiatives tant individuels que collectifs pour défendre la démocratie et les droits de l’homme». Reste à voir quelle réponse apportera la Chine à cette initiative américaine, surtout que Pékin, devenue une super puissance ces dernières années, ne craint nullement les Américains et leurs menaces habituelles et semble décidée, comme l’annonce le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, à ne pas laisser passer cette énième offensive américaine.