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dimanche 26 mars 2023

Borell ne croit plus à un accord imminent sur le programme nucléaire iranien

Il y a encore peu, Josep Borell, le représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères, se disait confiant quant à la relance de l’accord de Vienne sur le programme nucléaire uranien, Américains et Iraniens lui semblant alors tout près de surmonter les dernières divergences restant entre eux dans ce dossier. En quelques heures seulement, le voilà sur de tout autres sentiments, les Américains ayant répondu négativement aux réactions iraniennes sur des remarques faites par eux antérieurement. Ce qui est désormais en discussion entre les deux bords, ce ne sont plus les dispositions du plan d’accord concocté par les Européens, présenté d’ailleurs par eux comme étant leur dernier mot, mais les désaccords qui surviennent dans leurs échanges, directs quant à eux, quoique par écrit, ce dont les intermédiaires, c’est-à-dire les Européens, ne semblent pas avoir une connaissance précise. Si bien que lorsque Borell se montrait optimiste sur l’issue de la négociation, et lorsque peu après, il a cessé de l’être, c’était dans les deux cas sur la base de déclarations publiques faites soit par les Américains soit par les Iraniens, nullement parce qu’il était personnellement au courant des arguments qu’ils s’opposaient.

Il croyait qu’un accord allait bientôt se conclure quand eux-mêmes faisaient des déclarations en ce sens, et il a changé d’opinion quand eux-mêmes ont tenu un langage différent. On a l’impression que les débats ne portent plus sur les points proposés par les Européens mais sur les observations qu’ils se font mutuellement, les unes provoquant les autres, ce jeu pouvant se poursuivre pendant longtemps. C’est comme si une nouvelle négociation se nouait, enclenchée seulement par le texte européen. Ce qui s’expliquerait assez bien d’ailleurs, Américains et Iraniens ne s’étant jamais trouvés à la même table des négociations, et ayant de ce fait des choses à se dire les concernant en propre. Cela dit, on ne peut exclure que ce soit les Américains, pourtant à l’initiative de ces négociations, qui font un mouvement de recul, le moment ne leur paraissant pas le plus indiqué pour revenir à un accord avec l’Iran, que récusent toujours leurs plus proches alliés dans la région, Israël tout le premier. A deux mois d’une échéance majeure, les élections de mi-mandat, dont dépend ce qu’il reste du mandat de Joe Biden, son administration ne fera rien qui puisse les lui faire perdre. En fait, elle ne fera rien dont les républicains seront à même de se saisir pour dresser contre elle, ne serait-ce qu’une partie de l’opinion américaine. Le lobby israélien est puissant aux Etats-Unis. Il sera actionné par Israël, qui ne veut d’aucun accord avec l’Iran, sur son programme nucléaire comme sur tout autre sujet. Ce que veut Israël, c’est que les Etats-Unis soient à ses côtés dans la guerre qu’il ne demande qu’à faire contre l’Iran. Il n’est d’ailleurs pas le seul dans la région à être sur ce sentiment. Cette guerre servira à mettre fin à la menace nucléaire iranienne, mais aussi à faire de lui le chef de file dans la région. C’est de lui que dépendrait désormais la sécurité de cette dernière s’il parvenait à détruire les installations nucléaires iraniennes. Il ferait d’une pierre deux coups. Et des deux, ce n’est celui qui vient le premier à l’esprit qui à ses yeux est le plus important stratégiquement parlant. Même si l’Iran n’avait aucun programme nucléaire, il voudrait encore lui faire la guerre et le vaincre.

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