Les Européens n’ont jamais caché leur préférence pour Joe Biden lors de l’élection présidentielle américaine de novembre dernier. Après tout, Donald Trump avait été clair lors de son arrivée à la Maison-Blanche en janvier 2017 : il avait été élu par les Américains pour veiller à leurs intérêts et n’était pas disposé à se préoccuper des intérêts européens. Avec Biden, l’UE a donc retrouvé son partenaire privilégié. Le président américain s’est d’ailleurs dit déterminé à «regagner» la confiance de l’Europe. Biden a donné son premier grand discours de politique étrangère cette semaine pour la Conférence sur la sécurité de Munich, mettant en garde contre un retour «aux blocs figés par la Guerre froide». Il a aussi affirmé que l’alliance transatlantique était «de retour» après quatre ans de mandat de Donald Trump. «Je vous parle aujourd’hui comme président des États-Unis, au tout début de mon administration, et j’envoie un message clair au monde : l’Amérique est de retour. L’alliance transatlantique est de retour», a déclaré le 46e président des États-Unis depuis la Maison-Blanche. Joe Biden a également retrouvé la politique antirusse chère à Barack Obama et Hillary Clinton et a accusé la Russie d’ «attaquer nos démocraties. Poutine cherche à affaiblir le projet européen et notre alliance de l’Otan. Il veut saboter l’unité transatlantique et notre détermination, parce qu’il est beaucoup plus facile pour le Kremlin d’intimider et de menacer des États seuls plutôt que de négocier avec une communauté transatlantique forte et unie». Mais «il ne s’agit pas de monter l’Est contre l’Ouest (…). Nous ne pouvons pas et ne devons pas revenir (…) aux blocs figés de la Guerre froide», a-t-il toutefois ajouté. Le président des États-Unis a également évoqué le cas de l’Iran, assurant que son pays doit répondre à ses «activités déstabilisatrices». Sans détailler ces activités imputées à Téhéran, Joe Biden a confirmé, dans ce même discours, la volonté de Washington de relancer l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien en associant tous les pays signataires, y compris l’Iran. L’ancien vice-président de Barack Obama s’est, en outre, distingué de son prédécesseur au sujet de la lutte contre le changement climatique. «Nous ne pouvons plus repousser ou faire le strict minimum pour répondre au changement climatique. Il s’agit d’une crise existentielle mondiale. Et nous en souffrirons tous les conséquences», a-t-il assuré. À l’inverse, il s’est inscrit dans la lignée de Donald Trump, et de ses prédécesseurs, concernant la lutte contre les «abus économiques de la Chine». Biden a souligné que «tout le monde devait jouer avec les mêmes règles», mettant en garde contre les «abus économiques» et une «pression» mise par le gouvernement chinois, qui «sapent les fondations du système économique international». Ainsi, Biden reprend peu ou prou la politique déjà menée par Barack Obama. Peu de changements à part peut-être le durcissement vis-à-vis de la Chine, qu’avait doucement déjà initié Obama et qui a été par la suite l’un des fers de bataille de Trump. Reste à voir surtout comment la situation évoluera avec la Russie dans les mois et années à venir, alors même que l’Allemagne, meilleur allié européen de la nouvelle administration Biden, a désespérément besoin de Moscou pour ses fournitures d’énergie.