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jeudi 28 mars 2024

Birmanie: Tollé mondial au lendemain de la journée la plus sanglante depuis le coup d’État

Les manifestants sont descendus dans la rue, hier en Birmanie, au lendemain de la journée de répression la plus sanglante depuis le coup d’État du 1er février, avec au moins 90 morts dont plusieurs enfants, des violences fermement condamnées par la communauté internationale.

Par Mourad M.

Les militants pour le rétablissement de la démocratie avaient appelé à de nouvelles manifestations samedi, jour où l’armée organise tous les ans un gigantesque défilé devant le chef de l’armée, désormais à la tête de la junte, le général Min Aung Hlaing. «Au moins 90 personnes avaient été tuées à la tombée de la nuit samedi», a déclaré l’Association pour l’assistance aux prisonniers politiques (AAPP), une ONG locale qui recense le nombre des morts depuis le putsch. Les médias locaux font état de 114 morts.
Le nombre de morts depuis le coup d’État du 1er février est passé à au moins 423, selon l’AAPP.
Hier, les Birmans sont une nouvelle fois dans la rue pour réclamer le retour à la démocratie, et de nombreuses funérailles devaient avoir lieu à travers le pays, qui se remet de sa journée la plus sanglante depuis le putsch.
Malgré le danger, les manifestants sont de nouveau descendus dans les rues de certains quartiers de Rangoun, dont Hlaing, et dans les villes de Dawei, Bago et Monywa dimanche.
«Une fille a reçu une balle dans la tête et est décédée à l’hôpital, tandis que deux hommes ont été abattus sur place», a déclaré à l’AFP un secouriste de Monywa. À Hlaing, un garçon de 16 ans a perdu la main dans une explosion, en essayant de renvoyer une grenade lancée par les forces de sécurité sur les manifestants, a déclaré un secouriste.
À Mandalay, la famille d’Aye Ko, un père de quatre enfants, tué pendant la nuit de samedi à hier, lui a rendu hommage lors d’une cérémonie hier.
«Il était le seul à nourrir la famille, le perdre est une grande perte pour nous», a déclaré un proche à l’AFP.
Les chefs des forces de défense de 12 pays, dont les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Japon et l’Allemagne, ont condamné, dans la nuit de samedi à dimanche, l’utilisation de la force par l’armée birmane contre des civils «non armés».
«Une armée professionnelle suit les normes internationales de conduite et a la responsabilité de protéger le peuple qu’elle sert, non de lui nuire», indiquent-ils dans un rare communiqué conjoint.
«Nous exhortons les forces armées du Myanmar à cesser la violence et à œuvrer pour restaurer le respect et la crédibilité auprès du peuple birman qu’il a perdus à cause de ses actions», poursuivent-ils.
Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, s’est dit «horrifié par la terreur que font régner les militaires birmans». Son homologue britannique, Dominic Raab, a estimé que la junte avait franchi un «nouveau palier» dans la répression.
L’ambassade américaine à Rangoun a appelé ses citoyens à limiter leurs mouvements, les appelant à la «prudence» s’ils devaient voyager. Le centre culturel américain de Rangoun a été la cible de coups de feu samedi.
Lors de la traditionnelle Journée des forces armées samedi, le général Min Aung Hlaing avait de nouveau défendu le coup d’État, dénonçant de prétendues irrégularités dans les législatives de novembre, remportées par le parti d’Aung San Suu Kyi.
La violence s’est étendue dans tout le pays, l’armée utilisant des balles réelles dans plus de 40 cantons de neuf régions, y compris à Rangoun, la plus grande ville du pays, selon l’AAPP.
«Les forces de la junte ont tiré à l’arme automatique sur les zones résidentielles, tuant de nombreux civils, dont six enfants entre dix et seize ans», a déclaré l’ONG. «Le fait que le régime militaire illégitime vise les enfants est un acte d’inhumanité grave».
Un journaliste du canton de Kyeikhto, dans l’État de Mon (sud-est), a été blessé d’une balle dans la jambe.
Parallèlement, un groupe de rebelles armés de la minorité ethnique des Karens, l’Union nationale karen, a affirmé avoir été bombardé par des chasseurs de la junte dans l’Est samedi, quelques heures après que le groupe rebelle s’est emparé d’une base militaire.
Les autorités n’avaient pas réagi à ces accusations dans la matinée d’hier.
Hsa Moo, de l’ethnie karen et militante des droits de l’homme, a déclaré que trois personnes avaient été tuées et au moins huit blessées. «Les gens s’inquiètent de savoir si les frappes aériennes se reproduiront aujourd’hui», a-t-elle déclaré à l’AFP.
Cette action marque la première attaque aérienne dans cet État depuis des années. La cible, la cinquième brigade de l’Union nationale karen (KNU), est l’un des plus grands groupes armés du pays et affirme représenter le peuple karen.
M. M.

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