Par Mourad Hadjersi
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, s’est réuni ce dimanche en Conseil des ministres avec le gouvernement afin d’établir le bilan d’une année de gouvernance, un Conseil qui ne s’est pas réuni, rappelons-le, depuis trois mois, pour cause de maladie du Président. Le communiqué officiel à l’issue de cette réunion évoque une certaine insatisfaction quant à la gestion des zones d’ombre dans certaines wilayas du pays et n’a pas été, disons-le, généreux en détails de toutes les imperfections que le premier magistrat du pays aurait relevées.
Toutefois, les directives données par le Président à un certain nombre de départements ministériels inscrits au programme de la réunion montrent que le bilan qui se dégage est loin d’être positif. Dans le même sillage, et comme pour teinter le malaise d’une équipe «en sursis», les services de la chefferie du gouvernement annoncent, de leur côté, que le ministre de la Prospective aurait exposé, lors de cette même réunion, un plan de relance de l’économie nationale pour une perspective qui s’étale sur quatre ans, soit jusqu’à 2024.
Si le vœu de l’équipe gouvernementale s’inscrit dans la durée, des paramètres rationnels disent tout à fait le contraire. De l’avis de l’opinion publique nationale, si certains ministres donnent satisfaction, pour d’autres, pour ne pas dire la grande majorité, leur performance comme «managers» de secteurs en mal de relance semble en deçà des attentes, d’où la multiplication des voix pour demander un changement de l’exécutif, une décision qui ne tarderait sans doute pas à être tranchée. Reste que les échéances politiques qui s’approchent, et plus précisément les élections législatives prévues d’ici la fin du premier semestre de l’année en cours, risqueraient de tempérer ces demandes et imposer une certaine sérénité dans la prise d’une telle décision. Doit-on changer un gouvernement à quelques mois des législatives qui seront appelées à aboutir à un nouveau exécutif composé des représentants du peuple juste pour calmer une grogne de conjoncture ? Les «calculs» judicieux dans les affaires politiques exigent une composition entre l’urgence et le bon sens. La pertinence dirait ainsi que l’on s’achemine plutôt vers un lifting de la composante gouvernementale que vers un changement de tout l’effectif. Des «têtes d’affiche» pourront tomber, d’autres promues, mais l’ossature générale, notamment pour les portefeuilles lourds, devrait garder sa structure actuelle. Le Président n’a ni le temps et encore moins une marge de manœuvre, en termes de calendrier, pour procéder à un chamboulement général. Cette logique s’applique de même sur le corps des walis qui en dépit des lacunes constatées ne devrait pas connaïtre une réelle table rase, mais plutôt des sanctions pour l’exemple en espérant que le reste apprenne la leçon.
En politique, il y a une bonne marge entre vouloir et pouvoir, et les changements que le simple citoyen exige ne peuvent être réalisés toujours à coup de décisions officielles, souvent c’est la résultante d’un long processus et surtout d’une réelle implication dans les différents processus politiques du pays. Les élections locales et législatives ne sont pas trop loin pour non pas espérer ces changements mais les imposer.