La mission onusienne pour la Libye (Manul) a rendu publique samedi 30 janvier la liste de 45 candidats dont trois femmes seulement, d’une part au conseil présidentiel, qui sera composé de trois membres, d’un président et deux vice-présidents, de l’autre au poste de chef du gouvernement assisté de deux adjoints. La liste publiée est en fait double, puisqu’elle comporte 21 candidats à la fonction de chef du gouvernement et 24 autres à celui de membre du conseil présidentiel. L’élection se tiendra au sein du Forum du dialogue libyen, composé de 75 membres et faisant fonction de Parlement transitoire, lors d’une réunion qui débute demain à Genève et qui devrait avoir achevé ses travaux cinq jours plus tard. La réunion sera en principe présidée par l’émissaire de l’ONU par intérim, l’Américaine Stephanie Williams, qui ne cèdera sa place à Jan Kubis le nouvel émissaire en titre qu’à la fin du mois de février. On relèvera parmi les candidats au poste de Premier ministre l’actuel ministre de l’Intérieur dans le gouvernement d’union nationale basé à Tripoli Fathi Bachagha, et de l’homme d’affaires et vice-président du Conseil présidentiel Ahmed Meitig. Les deux hommes sont de Misrata dont les milices règnent sur Tripoli. Dans la liste des candidats au Conseil présidentiel figurent Aguila Salah, le président du Parlement libyen installé à Tobrouk, et l’ambassadeur de Libye en Jordanie Mohamed al-Barghathi.
Qu’ils appartiennent au camp de Tobrouk ou à celui de Tripoli, les 45 candidats se sont tous engagés à respecter la feuille de route onusienne devant déboucher sur des élections générales le 24 décembre prochain. Il y a encore peu et comme en prévision des élections de l’Exécutif transitoire libyen début février, la nouvelle administration américaine, par la bouche de son représentant au Conseil de sécurité, a demandé à la Turquie, mais aussi à la Russie et aux Emirats arabes unis, de retirer immédiatement de Libye leurs militaires et mercenaires. La même demande, et en des termes comparables pour ce qui est de la fermeté, a été formulée quelques jours plus tôt à la fois par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Gutteres, et par Stephanie Williams, sa représentante par intérim en Libye. A cette exhortation réitérée ces derniers temps la Russie a répondu qu’aucun de ses soldats réguliers n’est présent sur le territoire libyen, et que s’il s’y trouve des mercenaires de nationalité russe, ce n’est pas elle qu’il faut demander de les retirer mais à la partie quelle qu’elle soit qui les emploie. Pour sa part la Turquie, l’autre pays pressé par l’ONU et par l’administration Biden de respecter la souveraineté libyenne en rappelant ses troupes, fait valoir que sa présence militaire procède d’un accord conclu en bonne et due forme avec le gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale, le GNA de Fayaz al-Serraj. Un argument qu’elle aura du mal à soutenir lorsque le GNA se sera effacé devant l’Exécutif transitoire, dont l’élection est imminente. On ne connaît en revanche aucune déclaration sur ce sujet en provenance des Emirats, laquelle indiquerait en même temps quelle serait son attitude dans le futur. On ne connaît pas non plus celles de leurs alliés dans la crise libyenne que sont notamment l’Egypte, la Jordanie et l’Arabie saoudite. Enfin, il faut noter que jusqu’à présent nul signe n’a été observé d’un quelconque retrait des forces étrangères en Libye, qu’on estime à 20 000 hommes.