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jeudi 1 juin 2023

Biden en pèlerinage en Israël

Il est inimaginable par les temps qui courent qu’un communiqué final sanctionnant un sommet se tenant   quelque part en Occident,  que ce soit dans un cadre bilatéral ou multilatéral, ne comporte pas en première place une condamnation sans appel de la Russie pour son invasion de l’Ukraine.  Il est tout aussi imaginable qu’Américains et Israéliens se rencontrent, ou se réunissent avec qui que ce soit au Moyen-Orient,  sans que l’Iran soit désigné dans un document officiel comme le principal et même le seul fauteur de trouble et d’instabilité dans la région. La déclaration israélo-américaine de jeudi dernier, à l’issue de la visite de Biden, dite « Déclaration de Jérusalem », ce qui est rien moins qu’innocent, n’a évidemment pas fait exception à la règle. Plus que jamais au contraire,  il s’agit pour le couple insécable d’assurer la défense d’Israël, et subsidiairement celle des Etats arabes reconnaissant Israël ou en voie de le  reconnaître, à la fois contre la menace nucléaire de l’Iran, et contre l’insécurité qu’il est supposé entretenir  dans la région. En Occident, la Russie est, en définitive depuis peu, l’ennemi principal, un titre qui autrefois collait à l’Union soviétique. Au Moyen-Orient, ce n’est pas elle, mais l’Iran, qui fait depuis  relativement longtemps l’unanimité contre lui. Avant le mandat de Trump, on n’aurait pas osé appeler une déclaration israélo-américaine « Déclaration de Jérusalem », pour la bonne raison que les Etats-Unis ne reconnaissaient pas encore officiellement Jérusalem, tout Jérusalem, comme capitale d’Israël. Biden a réussi lors de son voyage à abonder dans le sens de Trump -que lui et son parti rêvent de jeter en prison, ne serait-ce que pour l’empêcher de redevenir président- mais sans qu’il y paraisse. En fait, il est d’une certaine façon allé loin que lui en se déclarant, en s’avouant  sioniste, faisant remarquer à ceux qui s’en étonneraient qu’il est tout à fait possible d’être à la fois chrétien et sioniste, qu’il n’est pas besoin pour cela d’être de religion juive. En quoi il n’a pas tort.  Seulement sa profession de foi n’est pas dénuée d’arrière-pensées politiques. On  se tromperait sans doute  en pensant que le moment en question met en présence d’un côté quelqu’un qui était là pour faire des cadeaux, Joe Biden lui-même, et de l’autre l’hôte israélien comme un tout, qui se  contente quant à lui d’engranger ce qu’on lui apporte. La réalité, c’est que le visiteur est venu lui aussi prendre quelque chose en échange de ce qu’il offre. Il est venu montrer, faire étalage plutôt de tout l’amour et de toute la foi qu’il  a toujours ressentis pour Israël. On peut même aller plus loin et dire qu’il est venu  se faire pardonner le fait que ce ne soit pas lui  le premier président américain à avoir reconnu Jérusalem capitale d’Israël. On sait que pour l’avoir fait, mais aussi pour avoir déclaré que le Golan occupé appartenait légitimement à Israël, Trump a eu l’insigne honneur de voir une colonie israélienne  revêtir son nom, autant dire se réclamer de lui, comme s’il était un saint homme. Avec un adversaire aussi dangereux,  et qui entend revenir,  de surcroît grand ami d’Israël devant l’éternel,  un  président américain en exercice n’a au fond guère le choix : il doit se hisser au même niveau dans la reconnaissance et le cœur des israéliens. Autrement il court au devant d’une défaite électorale, un désastre que ni Biden ni les démocrates ne pourront  se permettre novembre prochain. Sinon c’est le contrôle des deux chambres par les républicains, c’est-à-dire par Trump, dont la réélection s’en trouvera alors grandement facilitée.

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