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mardi 28 mars 2023

Biden dans les pas de Trump

Autant les Américains donnent à ceux qui les observent depuis l’extérieur l’impression de s’entredéchirer sur des questions internes, souvent d’ailleurs bien plus sociétales qu’économiques ou même politiques, autant il faut regarder à la loupe pour déceler des différences réelles entre eux, en particulier d’une administration à l’autre, en matière de politique étrangère. Ce qui fait que le pouvoir change, ou ne change pas de mains dans la plus grande puissance au monde n’est pas d’intérêt mondial mais local, comme dans n’importe quel autre pays. On aurait pu croire, sur la foi de la polarisation actuelle, qui reste aussi vive que sous Donald Trump, que cette règle allait cette fois-ci connaître une exception. Que le retour des démocrates au pouvoir, après une campagne épique, se traduirait par une rupture si complète que même les questions de politique extérieure cesseraient d’être consensuelles. Il n’en a rien été jusqu’à présent, du moins quant au fond, dans aucune de celles qui sont déterminantes par les temps qui courent. Au premier abord ce que représente Joe Biden semble aux antipodes de ce qu’incarne son prédécesseur. Le présent est en l’occurrence de rigueur s’agissant du premier comme du second, celui-ci en effet n’étant pas retourné dans le privé après son échec à la dernière présidentielle, rompant de la sorte avec une tradition bien ancrée, mais restant au contraire au beau milieu de la mêlée, bien décidé à prendre sa revanche dans quatre ans. Jusqu’à présent, il n’y a eu que les Européens pour estimer qu’il y a effectivement une grande différence entre les deux présidents.

La chancelière allemande s’est même félicitée, lors du voyage de Biden en Europe, de ce que le camp occidental ait enfin retrouvé un leader américain digne de ce nom, respectueux des usages autrement dit, ce qui n’était pas la marque de fabrique de son prédécesseur. On peut se demander toutefois si même vis-à-vis de l’Europe, le contraste offert par Biden et Trump n’est pas une illusion, à tout prendre bien plus une différence de style que de contenu. Sur toutes les autres questions en tout cas, Biden est de façon certaine dans la continuité de Trump. Sur la Chine comme sur la Russie, il n’y a pas l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette entre eux, malgré la sympathie prêtée à Trump pour les  » dictatures « . Pour leurs deux administrations, ce sont là les deux menaces planant le plus nettement sur le leadership américain, encore que ces dernières ne soient pas autant placées sur un pied d’égalité, la montée en puissance de la Chine donnant plus de crainte que l’ancien péril russe. Il ne peut en être autrement d’ailleurs, car s’il y a un point sur lequel la classe politique américaine est unanime, c’est bien celui-là. Autre sujet brûlant sur lequel l’entente est parfaite entre les deux administrations : le retrait d’Afghanistan, annoncé par Trump, et mis en œuvre par Biden selon un calendrier collant de près à celui tracé par son prédécesseur. Même politique au Moyen-Orient, comme en atteste le fait que l’administration Biden n’est pas revenue sur le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem. On peut en dire autant s’agissant de la crise au Venezuela, pour l’heure centrale en Amérique du sud. Reste l’accord de Vienne de 2015 sur le programme nucléaire iranien d’où l’administration Trump s’était retirée mais que la nouvelle administration veut réintégrer. Voilà qui du moins se présente comme un véritable changement de cap opéré par le nouveau pouvoir. Il se trouve que les négociations en la matière n’ont pas encore abouti, et qu’elles pourraient échouer en définitive. Il n’est d’ailleurs pas dit que la nouvelle administration ne vise pas là aussi mais par un moyen différent les mêmes objectifs que celle qui l’a précédée.

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