Le coach national, Djamel Belmadi, connu pour son franc parlé et son côté tranchant, a encore une fois «clashé», le désormais ex-international algérien, Andy Delort, qui a tourné le dos aux Verts, lui préférant son nouveau club, l’OGC Nice, qui a conditionné son transfert par la non-participation à la CAN 2022 du Cameroun. Invité de l’émission «Rothen s’enflamme» sur la radio française RMC, le sélectionneur algérien est revenu sur le cas Delort, n’allant pas avec le dos de la cuillère. Interrogé sur la polémique qu’a suscité le joueur niçois, écarté par le sélectionneur suite à sa volonté affichée de mettre en pause la sélection pour une durée d’un an, Belmadi a, tout d’abord, justifié le fait qu’il ait publiquement pris position dans cette affaire. «L’énervement, dans ma position, est relatif. Il vaut mieux être objectif, parce que l’on peut dire les choses avec véhémence ou de façon très directe, mais il faut rester lucide sur la situation. Ce n’est rien de personnel, je suis coach de la sélection et il est un joueur algérien sélectionnable. Il est vrai, le linge sale se lave en famille, généralement, et mes relations avec les joueurs, tout comme nos discussions, restent entre nous. Le problème de cette situation, c’est qu’elle pouvait perturber le groupe. C’est un bon joueur du championnat de France, il marque régulièrement donc, forcément, le fait de ne pas le convoquer allait poser problème. C’est pour cela que je me devais de me justifier.», a affirmé tout de go le coach de la sélection nationale.
«Delort nous a manqué doublement de respect !»
Belmadi a, ensuite, montré toute sa colère après cette attitude de son joueur qui s’était exprimé en France, ignorant complètement la presse algérienne et surtout les inconditionnels des Verts en Algérie qui l’avaient porté à bras le corps et qui étaient pour beaucoup dans sa sélection. «Si j’en parle aujourd’hui, c’est parce qu’il en a parlé en France. Il y joue, il a la double nationalité, d’accord, mais j’aurais quand même préféré qu’il s’adresse d’abord aux algériens, à la presse algérienne, qui l’ont aimé et ont beaucoup fait pour son arrivée. J’ai dit mot pour mot ce qu’il a écrit, il ne m’a même pas appelé ni proposé que l’on se voit au départ. Dire que l’on met l’EN entre parenthèses et que l’on privilégie le club parce qu’il y a de la concurrence, tout en rajoutant que c’est parce qu’il n’est pas le premier choix en Algérie… C’est bizarre! Si je comprends bien, il accepte la concurrence à Nice mais pas en Équipe Nationale? Nous ne sommes pas les plus beaux, ni les meilleurs, mais il s’agit d’un club, d’un côté, et d’une nation, de l’autre. Si tu acceptes la concurrence en club, tu l’acceptes avec ton pays.» a-t-il relevé.
«Dire qu’il veut mettre l’EN en pause un an, c’est la blague de l’année. C’est soit de la stupidité, soit un culot sans limite. Je n’accepte pas ça. Dans un an, il y a la Coupe du Monde, vous l’avez peut-être remarqué. Ses propos signifient donc que nous, nous allons jouer sous 40 degrés au Niger, nous battre sur tous les terrains africains dans cette campagne qui est un quasi enfer, que beaucoup de joueurs européens ne supporteraient pas et, quand tout sera réglé, le monsieur reviendrait comme une petite mariée? C’est nous manquer doublement de respect! » a-t-il ajouté.
Le coach a tenu à répondre aux arguments qui lui étaient avancés par Rothen, affirmant qu’il pouvait comprendre que Delort avait signé un dernier gros contrat et misait beaucoup sur son statut en club, en faisant la comparaison avec un certain Olivier Giroud, international français: «Quand il s’agit d’un pays, il vaut mieux faire attention à ses mots. On peut être subversif comme l’est Jérome Rothen, mais je préfère quand il parle purement football. Il faut maîtriser les tenants et les aboutissants pour s’exprimer, ce qui n’est pas votre cas. Dire que l’on comprend qu’à 30 ans, Delort mette en pause la sélection… Giroud, il a quel âge (NDLR: Olivier Giroud est âgé de 35 ans)? Quand tu arrives, à un an d’une Coupe du Monde, à 30 ans, tu arrives à me dire que tu es fatigué? Je n’ai pas à convaincre les gens! Et qui plus est, comme dans le cas de Delort, ne viens pas me dire les choses de cette façon là, tu dois être franc. »
Chiffres à l’appui, le sélectionneur s’est même chargé de démontrer que Delort n’était pas effacé comme il le prétend : «On a 3 attaquants. Vous avez probablement relevé que Delort avait démarré 4 fois sur 11 sélections, ce qui lui fait donc 1/3 du temps où il est titulaire en sachant que, la plupart du temps, je ne joue qu’avec un attaquant. Ils ont donc, Slimani Bounedjah et lui, eu à peu près le même temps de jeu. Avant ça, il y avait eu la CAN et il est arrivé miraculeusement le jour de son début. Quand on dit qu’il nous a rendu service pendant la compétition, c’est faux, c’est plutôt nous qui l’avons aidé! Il a fait des pieds et des mains pour venir jouer avec nous. », a souligné l’ex-international algérien.
«Slimani a refusé de rater la CAN, on voit où il place son pays»
Enfin, Djamel Belmadi n’a pas manqué d’égratigner l’OGC Nice et son directeur sportif Julien Fournier qu’il sait être en partie responsable de la décision de Delort : «Sans faire la balance, pour parler crument, Julien Fournier m’a appelé et il a eu le mérite d’avoir été sincère avec moi. Il m’a confirmé ce que j’avais entendu pour Delort et il m’a dit qu’il avait aussi dit à Youcef Atal qu’il serait préférable qu’il ne dispute pas la CAN, ou la même chose à Mario Lemina pour le Gabon. Tant que c’est oral, ce n’est pas illégal, mais je lui ai rétorqué que, d’un point de vue éthique, ce qu’il faisait était dégueulasse. »
Au moment de clore le dossier Delort, le sélectionneur de l’EN a tenu à rendre hommage au meilleur buteur de l’histoire des Verts, Islam Slimani, en dévoilant qu’il aurait pu rejoindre l’OGCN mais que son amour pour la patrie avait pris le dessus : «Slimani était demandé par Nice cet été. Fournier lui a proposé la même chose, c’est-à-dire de ne pas disputer la CAN, mais il lui a dit que ce ne serait même pas envisageable en rêve. Tout ça démontre que chacun met son amour pour son pays où il le veut. Avec cette histoire, on voit où le place Islam et on le voit où le place Andy.»
Belmadi invité à une visioconférence organisée par la Fifa
Sur un tout autre volet, le sélectionneur national, Belmadi, a reçu une invitation pour prendre part à une visioconférence organisée les 19 et 21 octobre par la Fédération internationale (Fifa) au profit des entraîneurs nationaux, sur les propositions relatives à l’avenir du football.
«Le sélectionneur national, Djamel Belmadi, a reçu, au même titre que ses collègues entraîneurs des équipes nationales masculines, une invitation à rejoindre un appel Zoom, durant lequel les propositions seront officiellement présentées et discutées», a indiqué la FAF dans un communiqué.
«Deux créneaux sont proposés, de manière à ce que chaque entraîneur puisse choisir en fonction de ses disponibilités : mardi 19 octobre (9h00), présentation en anglais (par Arsène Wenger), interprétation vers le français, l’espagnol, l’allemand et l’arabe, et jeudi 21 octobre (17h00), présentation en anglais (par Arsène Wenger), interprétation vers le français, l’espagnol, l’allemand et l’arabe», précise la même source.
Mahfoud M.